Interview - L’agriculture climato-intelligente, expliquée par le Cirad et Agropolis
Le | Environnement-agroecologie
La 3ème conférence mondiale sur l’agriculture climato-intelligente s’est tenue à Montpellier du 16 et 18 mars. Entretien avec les organisateurs Patrick Caron, directeur scientifique du Cirad, et Bernard Hubert, président d’Agropolis International. Quel premier bilan tirez-vous de ces trois jours de conférence à Montpellier ? Patrick Caron : « En rassemblant 750 participants alors que nous en attendions 400, l’événement a été un succès en termes de mobilisation. Au-delà des chiffres, il faut mentionner la diversité des congressistes avec des représentants de 75 pays issus de la recherche agronomique mais aussi des sciences du climat et de l’environnement ainsi que des représentants du monde politique ». Bernard Hubert : « Cette diversité du public s’est ressentie tout au long de la conférence avec une mise en débat importante du concept d’agriculture climato-intelligente. C’est d’ailleurs la tenue de ces débats qui m’apparaît comme un des points forts de ces trois jours ». Pourquoi le concept d’agriculture climato-intelligente fait-il débat ? P.C. : « Le concept ne date que de 2009 et son pouvoir d’attraction fait intervenir des acteurs très divers qui ne mettent pas forcément les mêmes choses derrière ce mot. Les controverses et les points de désaccords n’ont pas manqué ! Mais ces débats permettent de confronter ces points de vue, de préciser le concept et de nourrir le travail de la recherche pour les prochaines années ». B.H. : « Ce concept renvoie à la nécessité de revoir le modèle agricole dominant par une approche globale car le changement climatique est un phénomène systémique. Cela oblige à parler d’interactions et à ne plus réduire l’agriculture à sa fonction de production alimentaire. Par le biais de l’entrée du climat, on ouvre ainsi un débat qui a pu être piégé avec d’autres concepts reposant essentiellement sur l’idée d’intensification de la production et on mobilise davantage d’acteurs dont le monde politique sur la question agricole ». A l’heure actuelle, que peut-on retenir du concept ? P.C. : « Finalement, le sujet est autant l’agriculture intelligente que l’agriculture climato-intelligente ! Aujourd’hui, il y a un consensus sur la nécessité d’une transition mais en revanche ce sont les trajectoires à adopter qui font débat et nécessitent que nous nous dotions de cadres conceptuels adaptés ». Pierre Riche