La déprise agricole ralentit mais reste conséquente
Le | Environnement-agroecologie
La déprise de terres agricoles ralentit en France métropolitaine. Telle est l’information majeure qu’il fallait retenir du dernier avis d’Agreste sur l’occupation des sols, publié le 17 avril. Le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation livre les résultats d’analyse de près de quarante années (1982-2018), grâce à des données, des enquêtes terrain et des interprétations de photos…et avec une précision de 250 mètres !
La déprise agricole ralentit mais reste conséquente
Thomas Turini - Lundi 10 mai
La déprise de terres agricoles ralentit en France métropolitaine. Telle est l’information majeure qu’il fallait retenir du dernier avis d’Agreste sur l’occupation des sols, publié le 17 avril. Le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation livre les résultats d’analyse de près de quarante années (1982-2018), grâce à des données, des enquêtes terrain et des interprétations de photos…et avec une précision de 250 mètres !
La France a perdu l’équivalent de l’ancienne région Lorraine en terres agricoles depuis près de quarante ans. Le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a publié le 17 avril un avis Agreste livrant les résultats d’analyse des données d’occupation des sols entre 1982 et 2018 (voir encadré). Les sols artificialisés augmentent en moyenne chaque année de 57 600 hectares et les sols naturels de 8 300 ha au détriment des sols agricoles qui reculent de 66 000 hectares depuis 1982 (2,4 millions d’hectares au total).
52 000 hectares perdus par an depuis 2012
Les pertes de surfaces agricoles sont particulièrement lourdes au début des années 1990, avec un recul de 119 000 ha par an entre 1991 et 1995. Cette intensité s’explique pour partie par « la réforme de la politique agricole commune (Pac) en 1992 qui conditionne la distribution des aides au respect du gel d’une partie des terres », comme le précise le document. Elles reviennent ensuite à environ - 60 000 ha par an jusqu’en 2005, avant de s’accélérer à nouveau entre 2006 et 2009, avec une moyenne de - 85 000 ha par an. Mais la tendance s’inverse ensuite avec un recul de - 54 000 ha par an entre 2009 et 2012. Depuis 2012, la déprise de terres agricoles reste sur un rythme inférieur à sa moyenne de long terme, avec une moyenne de - 52 000 ha par an.
Augmentation de la sole des grandes cultures
Du côté des productions, les surfaces consacrées aux grandes cultures annuelles augmentent de 2,6 millions d’hectares entre 1982 et 2018, mais « ne compensent pas la disparition de 2,3 millions d’ha de surfaces toujours en herbe (prairies permanentes), de 2,1 millions de jachères et de prairies temporaires, de 400 000 ha de vignes et de vergers, et de 200 000 ha de sols agricoles annexes (chemins, cours de ferme) », explique les auteurs.
Le Sud perd plus de terres agricoles
La carte administrative révèle qu’aucune région n’échappe au recul des terres agricoles, mais qu’il existe quelques irréductibles départements qui préservent une légère augmentation de leur surface agricole : la Corrèze (+ 0,2 % par an), la Creuse (+ 0,2 %), la Lozère (+ 0,1 % par an), la Haute-Marne (+ 0,1 %), l’Ariège (+ 0,1 %), la Haute-Vienne (+ 0,1 %). A l’opposé, tous les autres sont en recul et ceux qui payent le plus lourd tribu sont les Alpes-Maritimes (- 3,1 % par an), la Haute-Corse (- 2,3 %) et les Pyrénées-Orientales (- 2,2 %). Le rapport ajoute qu’au cours des dix dernières années, « l’artificialisation est plus importante dans le Sud-Est métropolitain que dans les autres régions ».
9.89
ares/min
c’est le taux de perte agricole en France depuis 2012 (calcul Référence agro )
51.5
%
du territoire métropolitain est occupé par les terres agricoles en 2018
Lien vers l’étude Agreste, cliquez ici
L’enquête Teruti rénovée
En 2017, la méthodologie de l’enquête Teruti a été fortement rénovée pour d’une part, prendre en compte l’existence de bases de données géolocalisées plus nombreuses et accessibles et, d’autre part, améliorer la précision des surfaces estimées, à moindre coût. La base de sondage de l’enquête Teruti est désormais constituée d’une grille carrée de points qui contient 1 point tous les 250 mètres soit près de 9 millions de points pour la France métropolitaine.
L’enquête Teruti est un dispositif statistique d’observation du sol parmi les plus anciens en Europe. Amorcée à la fin des années 1960, elle couvre la totalité du territoire métropolitain depuis 1982. L’enquête Teruti est réalisée chaque année depuis 1981 par le Service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Le nouvel échantillon Teruti est constitué de :
- 7,2 millions de points qualifiés automatiquement à partir des bases de données administratives et géographiques, représentant 82 % du sol métropolitain,
- de 200 000 points observés sur le terrain sur 1,3 million possibles,
- de 45 000 points photointerprétées sur 250 000 possibles.