Référence agro

« La gestion intégrée des exploitations offre des solutions gagnant-gagnant », Martjin Buijsse, European initiative for sustainable development in agriculture

Le | Environnement-agroecologie

Référence environnement : Estimez-vous nécessaire que la future Pac intègre plus de critères environnementaux ?

Martjin Buijsse : L’EISA fait la promotion de la gestion intégrée des exploitations (IFM) en tant qu’approche systémique de la conduite agricole. L’IFM concerne non seulement la mise en œuvre de normes environnementales, mais aussi l’intégration de questions importantes, telles que la préservation du paysage et de la nature, la gestion des sols, l’utilisation et la protection de l’eau, la santé et la protection des cultures, etc.

L’EISA et ses membres sont convaincus qu’une nouvelle évolution de la politique agricole commune est nécessaire. Afin de moderniser et de simplifier la Pac conformément aux objectifs de développement durable des Nations unies ou à l’accord de Paris, introduire la gestion intégrée des exploitations agricoles, via le programme de développement rural, offre des solutions gagnant-gagnant. L’IFM apporte de la valeur à l’agriculture, protège l’environnement et mobilise les territoires. Les agriculteurs qui mettent en œuvre l’IFM fournissent des services agro-écologiques et sociétaux mesurables concernant les sols, l’eau, la biodiversité, la santé et le bien-être des animaux, ainsi que dans le domaine du changement climatique, tout en garantissant une viabilité économique.

RE : L’opinion publique semble sensible à la demande d’association environnementale pour interdire les pesticides, comme le glyphosate ou les néonicotinoïdes. Comment l’EISA aborde-t-elle cette question ?

M.B. : L’EISA respecte les préoccupations exprimées par la société au sujet de l'utilisation des pesticides. Cependant, nous faisons confiance aux institutions scientifiques qui sont en place aux niveaux national et européen. Nous avons confiance dans leurs recommandations pour éviter les impacts négatifs potentiels sur la santé humaine ou l’environnement. Une stricte interdiction de ces produits - qui ne serait pas conforme aux évaluations scientifiques - pourrait nuire de manière significative à l’ensemble de l’agriculture, y compris dans le cadre du développement durable, avec des impacts environnementaux, sociaux et économiques. Nous estimons en particulier qu’il existe un réel risque de créer des dommages en ce qui concerne la protection des sols contre l’érosion par exemple, lorsque - comme avec le glyphosate - aucune alternative n’est disponible.

RE : Le bien-être animal est un autre sujet de société à gérer pour l’agriculture. Quelle est votre approche ?

M.B. : À travers l’IFM, l’EISA aborde également la santé et le bien-être des animaux. Les systèmes modernes d’élevage, avec une concentration importante d’animaux dans les fermes, peuvent être en déphasage avec l’attention apportée par les ménages à leurs propres animaux domestiques. Cependant, l’approche IFM de l’élevage assure des soins responsables, en fournissant les meilleures conditions pour maintenir le bétail en bonne santé, en nourrissant selon les besoins des animaux et en assurant ainsi une qualité fiable de tous les produits alimentaires. Les membres de l’EISA sont convaincus que la spécialisation qui a eu lieu au cours des dernières décennies a également permis d’accroître les connaissances spécifiquement agricoles et vétérinaires, fournissant ainsi la base pour l’amélioration continue de toutes les pratiques agricoles, y compris la gestion du bétail.

Nous sommes conscients du fait que la transparence, les fermes ouvertes et le dialogue avec la société sont de plus en plus nécessaires pour combler le fossé entre les consommateurs et les agriculteurs. C’est pourquoi les membres nationaux d’EISA invitent régulièrement le public dans leur réseau de fermes de démonstration.

Propos recueillis par Damien Raison