L’agriculture pourrait mieux profiter du système de compensation carbone
Le | Environnement-agroecologie
« L’agriculture étant à la fois une grande contributrice aux émissions de gaz à effet de serre (GES) et un gisement important de réduction d’émissions, il est nécessaire de mettre en place des solutions visant à diminuer son impact sur le changement climatique ». Ainsi s’est exprimée Claudine Foucherot, qui travaille sur les mécanismes de projet agriculture forêt à la CDC Climat recherche*, lors du colloque organisé le 21 novembre à Agro Paris Tech « Agriculture et atténuation du changement climatique : quelles solutions techniques et économiques ? » Parmi les solutions, la compensation carbone. Elle a jusqu’à présent permis de réduire les émissions du secteur agricole mais de manière très faible, évaluée à 14 Mt CO2 /an. Si le Giec estime un potentiel autour de 5,8 GtCO2/an, les experts reconnaissent que l’incertitude est grande, pouvant aller du simple au double ! Une incertitude qui repose notamment sur la difficulté d’estimer les réelles baisses de CO2 d’une pratique ou d’une technologie données. « Cela dépend de plusieurs paramètres tels que le climat, la nature du sol, le type de culture, l’alimentation, l’âge, le poids vif de l’animal », explique Claudine Foucherot qui déplore aussi le manque de références en la matière. 733 projets en agriculture Malgré tout, le nombre de projets agricoles en matière de compensation carbone augmente, stimulés par la baisse de l’attractivité du secteur industriel. Au niveau mondial, 733 initiatives touchant le secteur agricole ont été enregistrés au 1e juillet 2011, soit 14 % des projets tout secteurs confondus. Ils concernent des sous-secteurs comme la séquestration du carbone dans le sol, les bioénergies ou la gestion des déjections. En France, les projets se comptent encore sur les doigts de la main. La coopérative Luzéal a mis en place sur son site de déshydratation de Saint-Rémy sur Bussy (Marne) deux projets de réduction d’émissions de carbone dans lesquels s’impliquent la CDC Climat et Coop de France. Ils sont fondés sur le préfanage à plat de la luzerne et la substitution de biomasse aux énergies fossiles. Reste que les émissions du secteur agricole représentent 14 % des GES mondiaux. Si l’on ajoute l’amont et l’aval de cette activité, leur part atteint les 30 %. A chaque étape, les professionnels doivent faire des efforts pour réduire cet impact tant au niveau de la production et de l’utilisation des engrais, de l’alimentation animale ou de la conversion des forêts et des zones humides en terres agricoles. Un fort potentiel de réduction des GES en France Les exploitations françaises ont encore un fort potentiel de réduction des GES. Le poste cultures et pâturages représente 39 % des émissions agricoles (hors amont et aval), selon CDC. Les GES sont surtout des émissions de NO2 liées notamment à la fertilisation azotée, aux déjections animales. La réduction des GES passe par la limitation d’apport d’engrais azotés, l’intégration des légumineuses et protéagineux dans les rotations, la pratique des Cipan (cultures intermédiaires pièges à nitrates) sur les sols découverts. De son côté, l’élevage est responsable de 37 % des émissions (hors amont et aval). En dehors de la compensation carbone, d’autres options pourraient être cependant envisagées. La Pac, qui va être révisée en 2013, réfléchit à l’intégration de la problématique des GES, ce qui n’est pas le cas actuellement. Une autre solution serait d’inclure le secteur agricole dans un système européen d’échanges de quotas.
- Echanges de quotas et compensation carbone