Les 2 Vaches : un cahier des charges « bien-être animal » au-delà du bio
Le | Environnement-agroecologie
Filiale du groupe Danone, « Les 2 Vaches » développe des produits laitiers 100 % bio. Ce qui ne l’empêche pas de se pencher sur d’autres aspect de la production du lait, et notamment le bien être animal. Un cahier des charges et une prime « bien-être animal » ont été mis en place. Toutes les exploitations fournissant la marque jouent le jeu. Explication de Christophe Audouin, directeur général de l’entreprise. Référence environnement : Quel est le point de départ de la démarche « bien-être animal » au sein des 2 Vaches ? Christophe Audouin : La marque se veut militante du bio, et souhaite plus globalement influencer le modèle agro-alimentaire de demain. Notre approche, initiée en 2011, n’est pas seulement idéaliste : elle est pragmatique. Une vache qui se porte bien sera moins malade, aura une longue vie, et donnera donc du bon lait plus longtemps. Il en va aussi du bien-être de l’éleveur qui en profite aussi, économiquement et dans son quotidien auprès des animaux… Nous avons co-construit avec les agriculteurs un audit sur huit critères. R.E. : Quels sont ces critères ? C.A. : Le premier concerne l’état d’engraissement. Nous avons également déterminé un score de locomotion fondé sur les problèmes de boiterie, relevé le taux de réforme et recensé les mammites. Les autres indices permettant d’évaluer les conditions d’élevage étaient initialement le confort des bâtiments, la propreté des animaux, le nombre de jours au pâturage et le comportement du troupeau vis-à-vis de l’éleveur. Certains de ces critères ont évolué. Nous opérons les audits en partenariat avec l’école d’ingénieurs agro de Lille. Nos réflexions communes nous ont incités à remplacer le taux de réforme par le nombre de lactations, et le confort des bâtiments est devenu plus précis : nous comptons désormais le nombre de lésions aux os des pieds, tarses et carpes. R.E. : Comment les agriculteurs ont-ils accueilli cette démarche ? C.A. : Nos 15 éleveurs de Basse-Normandie, et les 9 de Haute-Normandie ont tous joué le jeu dès 2013. Ils sont naturellement portés vers les démarches de progrès. Nous assumons le coût des audits et avons mis en place une prime « bien-être animal » de 5 € pour 1000 litres si leurs notes sont bonnes, ce qui est le cas dans toutes les exploitations. Après deux années d’audit, un débrief personnalisé a eu lieu début 2015, et cette année sera celle de l’action. Nous avons identifié les mammites et boiteries comme principales pistes de progrès. Un plan d’actions à la fois collectif et individualisé va être déployé. R.E. : Quelles sont les prochaines échéances pour ce projet ? C.A. : La première étape est de suivre l’évolution de la démarche, et voir les fruits qu’elle porte. Une partie du lait de nos produits ne provient pas uniquement de ces 24 exploitations. Nous achetons le reste de la matière première, soit 20 à 25 % de lait complémentaire, auprès de Biolait. La suite de la démarche serait donc d’étendre le cahier des charges à ces producteurs. Puis, pourquoi ne pas essaimer un peu plus loin, dans d’autres filières ? A commencer par les filiales de Danone, pour qui nous sommes en quelque sorte un laboratoire du bien-être animal.