Maria Fuentes : « La politique agricole commune est un véritable changement de cap »
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Maria Fuentes, administrateur à la direction agriculture de la Commission européenne, explique la philosophie de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) vis-à-vis du verdissement et des politiques à venir sur le climat. Une rencontre lors du colloque « Vers une agriculture respectueuse du climat », organisé par Solagro, qui s’est tenu les 9 et 10 octobre à Toulouse. Référence environnement : La réforme de la Politique agricole commune permettra-t-elle d’aller vers une agriculture respectueuse de l’environnement ? Maria Fuentes : Cette réforme est un véritable changement de cap, même si le virage se prend en douceur. Les règlements sont en train d’être traduits et seront présentés dans moins d’un mois. 360 milliards d’euros ont été alloués à la PAC : une baisse de 13 % par rapport à la période 2007 - 2013, mais compte tenu du contexte économique, nous pouvons nous féliciter de ce budget. Si la PAC reste structurée en deux piliers, il a été recherché plus de synergies entre les deux. Nous avons réussi à introduire des nouveaux principes de verdissement même s’ils ne vont pas aussi loin que ce que l’on aurait aimé. Une des concessions majeures a été la flexibilité laissée aux Etats membres. Reste que 30 % du budget doit être consacré à des mesures de verdissement. R.E. : Comment le verdissement de l’agriculture va-t-il se mettre en marche ? M.F. : Les trois mesures - le maintien des prairies permanentes, la diversification des cultures, et le maintien d’une surface d’intérêt écologique - constituent la base de départ. Les Etats devront nous montrer que cette flexibilité était nécessaire et que ce n’était pas une excuse pour réduire le verdissement. Il faut que chaque pays prenne ses responsabilités. Dans les règlements en cours de rédaction, nous allons essayer de cadrer les choses. Parmi les mesures de verdissement que nous considérons comme majeures, je note le maintien des prairies obligatoires en zone Natura 2000, la diversification des cultures, le maintien de 5 % de SAU en surface écologique avec la possibilité de passer à 7 % en 2018, la possibilité d’augmenter le couplage des aides pour les protéagineux. R.E. : Comment la Commission européenne travaille sur les émissions de gaz à effet de serre émises par l’agriculture ? M.F. : Malgré les efforts réalisés, les agriculteurs doivent poursuivre leur travail sur le changement climatique. L’agriculture européenne a réduit de 23 % ses émissions de GES depuis 1990, mais les autres secteurs aussi. Ce qui fait que la part de l’agriculture ne fait qu’augmenter et s’établit actuellement à 10 % des GES. De plus, ce chiffre ne prend pas en compte les émissions de CO2 par les sols agricoles. Des discussions sont en cours pour les intégrer mais ce calcul est d’une grande complexité. La Commission va présenter au début d’année 2014 une nouvelle communication sur le climat pour 2030, avec des objectifs qui pourraient doubler par rapport à 2020. La Commission vise un Conseil des ministres sur le sujet en mars 2014.