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Méthanisation, un rapport du CGEDD soulève la question de l’effet des épandages sur la biodiversité

Le | Environnement-agroecologie

Le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), au sein du ministère de la Transition écologique, publie un rapport sur la méthanisation le 20 novembre. L’analyse des spécialistes du CGEDD partent d’un cas concret, celui du méthaniseur « industriel » de BioQuercy à Gramat (Lot). L’idée étant de tirer des leçons potentiellement généralisables pour l’ensemble de la filière.

Des problèmes qui « alimentent la défiance »

Le rapport rappelle les problèmes rencontrés par ce site, dès son démarrage, à l’automne 2017. Odeurs, fuites, contestations sur les effets de l’épandage de digestat sur la faune des sols et les abeilles ou encore sur l’eau… des dysfonctionnements qui ont « alimenté des réactions de défiance, renforçant les inquiétudes exprimées lors de l’enquête publique ». Une mission du CGEDD a été dépêchée sur place. Le rapport explique que des solutions ont été apportées par l’inspection des Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) et la préfecture, pour les problèmes relevant de la responsabilité de BioQuercy (odeurs, stockages externes du digestat).

 Digestat et biodiversité, un lien encore peu documenté

Les auteurs notent en revanche que certaines questions restent en suspens. Les risques d’atteinte à la biodiversité restent difficiles à confirmer. Concernant les abeilles, le rapport déplore l’absence d’un observatoire permettant de détecter objectivement un éventuel impact. Quant à la microfaune du sol, « les informations existantes sont lacunaires et contradictoires ». Seul un protocole scientifique sur la durée, construit localement, permettrait de tirer des conclusions sérieuses, selon le rapport. Au sujet de la protection des eaux et sous-sols du Causse, le CGEDD est plus affirmatif : vu le dispositif exigeant du plan d’épandage, le risque de percolation du produit liquide dans le sous-sol est quasiment nul pour des pratiques respectant l’arrêté préfectoral. Une charte d’épandage des effluents liquides en zone karstique lotoise, où le sol est particulièrement perméable, n’en est pas moins recommandée.

 Articuler dispositifs nationaux et mesures locales

Conclusion ? Sans surprise, le CGEDD en appelle au respect des dispositifs nationaux, à articuler avec des mesures plus locales. La mission suggère par exemple de s’appuyer sur un observatoire participatif de la méthanisation, à organiser en faisant intervenir des compétences reconnues, notamment scientifiques. Et prône de s’appuyer sur la « mobilisation intense » des acteurs du territoire qu’elle a constatée, à travers la commission locale de suivi (CLS) mise en place par la préfecture du Lot, qui a d’ores et déjà construit des outils de surveillance, d’information et de concertation.