Nicolas Kerfant, président de l'UIPP : « On va finir par tirer un trait sur l'agriculture française ! »
Le | Environnement-agroecologie
« Le ‘sans pesticides' ne permet pas de maintenir en France une diversité des cultures, avertit Nicolas Kerfant, le président de l’UIPP, lors de la conférence de presse annuelle, le 6 décembre à Paris. Dans le contexte de mondialisation et de compétitivité actuel, il n’est pas possible de s’en passer. » En optant pour le zéro phyto, l'agriculture française se priverait selon lui de traitements face à l’augmentation de risques non maîtrisables, comme ceux liés aux changements climatiques.
Lassées du contexte français les firmes pourraient s’en détourner
« Pourquoi aider un pays qui ne semble pas le vouloir ? Nos entreprises interviennent sur un marché mondial. À force d’être en France dans une situation d’attente, elles risquent de freiner l’innovation pour les cultures de ce pays », annonce-t-il. Et d’interpeller : « On dit « ‘sans pesticides', mais la nature continue d’évoluer, de nouvelles maladies arrivent, elles n’ont pas de frontières ! »
« Impossible de sortir des pesticides à horizon 2025 »
À l’origine de cette situation, il pointe du doigt « un débat d’experts et un pouvoir politique qui tranche dans le doute sans prendre en compte le temps nécessaire de la recherche. » Et complète : « Nous faisons correctement notre travail, avec ce que la science apporte. L’innovation est encadrée. Il faut faire confiance aux agences d’expertise française et européenne. » Quant à la feuille de route sortir des pesticides à horizon 2025, il la juge impossible à réaliser, « car les entreprises ne disposeront pas de solutions alternatives contre tous les bioagresseurs, de toutes les cultures. »
Au sujet du biocontrôle, il indique un niveau des utilisations autour de 5 %. « Avec ce qui est engagé en recherche, l’engagement collectif dans le consortium biocontrôle, il pourrait atteindre 15 % en 2025, si la dynamique se poursuit en matière d’investissements, souligne le président de l’UIPP. Nous améliorons, nous préparons l’avenir, mais nous voulons travailler en bonne intelligence. »
Engagement dans une approche multidisciplinaire
Cette approche collective du biocontrôle s’inscrit dans les premiers axes de progrès travaillés par les firmes sur ce même pas de temps. Les investissements sont fléchés afin de réduire les impacts, les risques et les utilisations. De nouvelles approches pluridisciplinaires sont assignées, soutenues par 10 % du CA recherche et développement mondial de ces firmes.
Parmi les actions enclenchées : l’ajustement de doses par hectare, le travail sur les formulations et l’efficacité, le renforcement de la sécurité des systèmes de transfert des produits dans les cuves sans contacts avec l’utilisateur… Les firmes veulent accompagner la montée en puissance de l’agriculture de précision grâce à l’utilisation massive des outils d’aide à la décision, le recours à la robotique, et l’analyse des données. La transparence sur les études d’évaluation est aussi hissée au rang des priorités.