Parlons agriculture : la sureté alimentaire avant tout
Le | Environnement-agroecologie
__Agriculteurs, chefs d’entreprise agroalimentaire, étudiants, présidents d’associations écologiques ou de consommateurs,…Au total, près de 700 personnes étaient présentes le 23 avril pour assister aux débats de la première rencontre de « Parlons agriculture », sur le thème de l’alimentation. Un cycle de conférence voulu par Michel Barnier pour engager le dialogue avec les citoyens.__ %% % Sûre, diversifiée, de bonne qualité nutritionnelle, en quantité ! Les qualificatifs n’ont pas manqué pour décrire l’alimentation en Europe. La question ne se pose évidemment pas dans les mêmes termes pour les pays en voie de développement, qui crient famine et qui s’étaient, par médias interposés, invités à la première des trois journées de débats. Michel Barnier, reprenant le rôle régulateur en quantité et qualité de la politique agricole, a rebondi sur les tensions qui frappent les pays les plus démunis. « Ce n’est pas à l’alimentation de subir seule la loi du marché. Je suis pourtant un libéral, a-t-il ajouté, mais il faut des protections et des régulations. » Et d’avancer l’idée d’une Pac pour l’Afrique de l’Ouest, l’Asie, l’Amérique du Sud. « Une grande négociation doit être en mouvement. » Le cycle de Doha serait le bon lieu pour lancer une gouvernance mondiale en matière agricole et alimentaire. DM/AD __La Pac, gage de sécurité__ %% % Catherine Geslain-Lanéelle, directrice exécutive de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) l’a rappelé : « L’Europe a un des plus haut niveau de sécurité dans le monde pour son alimentation ». Elle n’a eu de cesse de s’adapter aux nouvelles exigences. L’EFSA existe depuis 5 ans et a déjà rendu 500 avis scientifiques sur des dossiers liés aux contaminations bactériennes, chimiques mais travaille aussi sur les risques émergents : impact du changement climatique, nouvelles méthodologies… « Nous nous appuyons sur un réseau de 500 experts scientifiques sur 27 Etats membres et employant 300 personnes dont 60 % de scientifiques. Quant à la charge de travail, elle a été multipliée par 4 et va doubler en 2008. » %% % __Une « boite noire » entre la fourche et la fourchette__ %% % Lors de la seconde table-ronde « Pensons-nous encore agriculture quand nous mangeons ? » Claude Fischler, sociologue et directeur de recherche au CNRS, avance qu’en « devenant un consommateur, le citoyen a perdu le lien avec le produit agricole ». Le chercheur évoque ainsi une « boite noire » entre la fourche et la fourchette, à l’origine des craintes du consommateur car il ne sait plus ce qu’il mange. Cette boite comprend l’industrie agroalimentaire, la plus souvent mise en cause, mais aussi une partie croissante de l’agriculture. Pourtant, d’après Pascale Hebel, directrice du département consommation du Credoc, les Français font confiance aux agriculteurs. Mais l’image d’Epinal qu’ils en ont accroît leurs angoisses en cas de crise. Le consommateur a besoin d’être rassuré sur les produits qu’il achète. % %% __Famine au Sud, obésité au Nord : un contraste saisissant__ %% % La première de ces table-rondes portait justement sur « les paradoxes de l’alimentation : faut-il avoir peur pour demain ? ». La définition de la sécurité alimentaire donnée par Hafez Ghanem, sous-directeur général du département du développement économique et social de la FAO, résume bien le contraste entre les préoccupations des pays du Nord et celles des pays du Sud en matière d’alimentation : « Au nord, c’est une question de goût et de qualité, au Sud c’est une question de quantité ». Et alors que plus de 850 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim, les statistiques des pays les plus riches en matière d’obésité explosent. Les spécialistes avancent l’augmentation de la part de produits transformés par rapport aux produits bruts dans nos assiettes pour expliquer les problèmes des Français. Cela malgré la montée en puissance de la dimension santé dans notre alimentation et les recommandations d’équilibre alimentaire, que ce soit en France, en Allemagne, en Angleterre ou en Italie.