Référence agro

Rapport Iddri/Asca sur l'agro-écologie en 2050 : l'élevage extensif peut sauver l'Europe

Le | Environnement-agroecologie

À la question « l’agro-écologie peut-elle sauver le monde ? », le dernier rapport de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), diffusé le 18 septembre répond : elle pourra nourrir l’Europe. En tablant sur l’abandon des importations de protéines végétales, soit 40 millions de tonnes représentant 20 % de la surface agricole utile de l’UE, la suppression des intrants de synthèses, le redéploiement des prairies naturelles, au détriment des prairies temporaires, et le développement des infrastructures agro-écologiques (haies, arbres, mares, habitats pierreux favorables aux insectes), les auteurs montrent que l’agriculture peut nourrir durablement 530 millions d’européens en 2050. À contre-pied des autres études, ce rapport place l’extensification de l’élevage herbivore, essentiellement bovin, au cœur du système agro-écologique.

Derrière le rapport, le projet TYFA

Dans ce scenario, la production agricole baisserait de 35 % en moyenne par rapport à 2010 (calculée en kilocalories sur la base des rendements en bio) et la consommation humaine s’orienterait vers plus de fruits, légumes et fibres, en diminuant la part des produits animaux, afin de respecter les recommandations nutritionnelles de l’OMS et l’EFSA, et du PNNS en France. Le résultat est sans appel selon les auteurs : une alimentation saine, la conservation de la capacité d’exportation, la réduction de l’empreinte mondiale de l’Europe dont -40 % pour les gaz à effet de serre, la reconquête de la biodiversité et la conservation des ressources naturelles.

Ce rapport s’appuie sur le projet TYFA : Ten Years For Agroecology in Europe lancé depuis 2014 pour « Réussir la transition agro-écologique » sur le Vieux continent. Volontairement plus systémique que les autres prospectives, ce projet tente d’englober la biophysique, l’agronomie, la nutrition, avec l’économique, le social et la politique. Fertilité des sols, exportations, régimes alimentaires, revenus des producteurs, coût de l’alimentation… TYFA vise à « contribuer à porter la voie de l’agro-écologie dans le débat sur l’avenir de l’agriculture et l’alimentation, et à renforcer sa prise en compte dans l’espace politique. »

Recherche en agro-écologie et cohérence des politiques publiques

Pour la suite, le projet livre deux axes de travail : mettre l’accent sur la recherche agro-écologique pour atténuer les effets du changement climatique et limiter la baisse de production envisagée ; l’engagement des acteurs de terrain et la mise en cohérence des politiques sectorielles pour une alimentation durable. Les auteurs soulignent la pertinence de la proposition d’un conseil alimentaire européen qui réunirait l’ensemble des parties prenantes et se déclinerait jusqu’aux plus petits niveaux territoriaux. L’agro-écologie ne sauvera peut-être pas le monde, mais TYFA veut réussir sa transition en Europe.

L’étude de l’Iddri a été conduite en partenariat avec le bureau d’étude Asca et financé par la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, ainsi que par l’Agence nationale de la recherche, au titre du programme « Investissements d’avenir ». L’étude est disponible ici.