Semences, allier innovation, productivité, réglementation et société
Le | Environnement-agroecologie
Répondre aux attentes sociétales, tout en conservant une agriculture productive. Bâtir un cadre réglementaire garantissant la santé et le respect de l’environnement, sans pour autant freiner l’innovation. En réunissant au Sénat à Paris, le 5 mars, acteurs du monde agricole, députés et sénateurs, l’Union française des semenciers (UFS) a tenté d’apporter des éléments de réponse à ces équilibres, parfois difficiles à trouver.
Ne pas s’interdire les techniques de sélection innovantes
Le secteur est confronté à ces dualités. En témoignent les prises de positions autour des nouvelles techniques de sélection (NBT), notamment celle du Conseil d’Etat visant à intégrer à la réglementation OGM certaines techniques comme la mutagenèse. « Le métier de semencier est très encadré. Mais nous considérons aujourd’hui que le cadre réglementaire ne correspond plus à l’avancement de la science. Or, nous avons besoin d’outils pour répondre plus rapidement aux enjeux de société », souligne Franck Berger, vice-président de l’UFS.
Laurent Rosso, directeur de Terres Inovia, souligne les incohérences qu’engendre parfois l’excès de réglementation, en citant l’exemple de la culture de lentilles. La France en produit, mais continue d’en importer pour combler ses besoins. « C’est un exemple emblématique. Les conditions de vente sont imposées par le Canada. On y retrouve des parcelles de 150 ou 200 hectares, semées avec des variétés obtenues par NBT, et cultivées avec un recours au glyphosate avant et après la culture, ce qui est interdit en France, déplore le directeur. Aujourd’hui, nous ne savons pas introduire de légumineuses dans nos systèmes car nous n’avons pas les variétés adaptées à un horizon de cinq ou six ans. »
Les budgets de l’innovation à défendre
Même si les semenciers investissent 13 % de leur chiffre d’affaires dans la recherche, la question du financement, entre autres, reste un enjeu clé pour garantir l’émergence d’innovations pour tous les systèmes et toutes les cultures, même mineures. « Nos législateurs doivent soutenir l’innovation par des mesures. Il importe à l’État de prendre les rênes. Le crédit d’impôt recherche est un outil fondamental pour cela », insiste la sénatrice des Yvelines Sophie Primas, qui assure qu’elle sera vigilante à son maintien. Elle alerte aussi sur le devenir du fond Casdar, qui début 2020, s’est vu amputé par le Gouvernement de 7M€ sur les 143 M€ prévus, afin de les réaffecter au budget général de l’État. « La commission de contrôle a été saisie », déclare la sénatrice. De son côté, le sénateur Laurent Duplomb a assuré qu’il défendrait dans le prochain projet de loi de finance « un dispositif de suramortissement sur les biens acquis par les agriculteurs afin de réduire leurs expositions aux risques climatiques ou sanitaires, d’améliorer la veille sur le bien-être et la santé des animaux et de réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques »