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Un plan d’adaptation au climat signé en juin : Martin Guespereau, Agence Rhône Méditérannée Corse

Le | Environnement-agroecologie

Si l’irrigation représente 6 % de la SAU, toutes les agricultures vont subir le changement climatique, notamment dans les zones les plus vulnérables. Dans le bassin Rhône Méditerranée Corse, 40 % du territoire connait déjà des difficultés. L’Agence a travaillé sur un plan de bassin d’adaptation au changement climatique, notamment pour l’agriculture, qui sera signé en juin. Entretien avec Martin Guespereau, directeur de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Référence environnement : Votre plan de gestion de l’eau va être signé en juin mais vous avez déjà réalisé d’importants efforts en matière d’économies d’eau, notamment en agriculture… Martin Guespereau : Trente-cinq millions de m3 d’économies d’eau ont été enregistrés en 2013, grâce notamment aux contrats de canaux, soit l’équivalent de la consommation d’une ville de 500 000 habitants. Un record. L’agriculture a largement contribué à ce résultat avec les trois-quarts des volumes économisés sur nos territoires. Nous finançons la modernisation de canaux d’irrigation qui passent d’un mode de fonctionnement gravitaire, où l’eau s’écoule entre les rangées de plants, à un système d’arrosage localisé sous pression comme le goutte à goutte. Dans notre plan, des mesures d’adaptation simples comme des économies d’eau sont préconisées en agriculture. Sur certains bassins, cévenols et côtiers, où la réserve utile des sols est faible, le plan préconise de substituer 80 % des prélèvements agricoles l’été d’ici à 2050 en optimisant les systèmes d’irrigation et en changeant de culture. R.E. : La législation est-elle favorable à la gestion de la ressource ? M.G. : Oui, on sort de décennies sans financement sur la gestion quantitative de l’eau. En France, le moratoire sur les financements des retenues d’eau a été levé par Philippe Martin, et les retenues d’eau vont pouvoir être subventionnées si elles font parties de projets de territoire. En Europe, le règlement de développement rural (RDR) de la nouvelle politique agricole commune a ouvert le droit aux Etats membres de financer via le Feader des projets d’économies d’eau. Nous allons donc pouvoir subventionner les transferts d’eau, les retenues et même le développement de l’irrigation avec des fonds européens. C’est un bon signe pour l’avenir. R.E. : Quels sont vos résultats sur la qualité de l’eau ? M.G. : Bien loin des conflits affichés dans les négociations entre agriculture et environnement, nous avons des chiffres positifs. Pour autant, les enjeux restent monumentaux : les pesticides sont la première cause de dégradation des rivières. Le nombre de nouveaux captages faisant l’objet d’un programme d’actions a triplé sur notre bassin, avec 35 nouvelles zones. Les pratiques sur les captages réussissent en général mieux qu’ailleurs grâce à la mobilisation du monde agricole. Ces zones permettent de pacifier les relations avec les citoyens. Les aires de lavage des pulvérisateurs sont en forte augmentation : 2574 agriculteurs ont été aidés en 2013 pour s’équiper d’une aire de lavage, c’est deux fois plus qu’en 2012. Et cela représente 15,4 M€. C’est une pratique à laquelle les agriculteurs adhèrent alors même que ce n’est pas encore une obligation réglementaire.