Agrotendances

17,9 Mt de fertilisants livrées en France en 2023-2024, selon l’Unifa

Par Stéphanie Ayrault | Le | Nutrition & fertilisation

17,9 millions de tonnes de fertilisants ont été livrées en France en 2023-2024 selon les chiffres publiés par l’Unifa, un chiffre stable par rapport à l’année précédente. Les professionnels de la fertilisation signalent des défis majeurs, comme le coût élevé de l’énergie et la concurrence des importations, qui pèsent sur la compétitivité du secteur. Alors que les fertilisants organiques continuent de croître, les engrais minéraux enregistrent une baisse structurelle, avec des livraisons en retrait par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

17,9 Mt de fertilisants livrées en France en 2023-2024, selon l’Unifa
17,9 Mt de fertilisants livrées en France en 2023-2024, selon l’Unifa

« Les différents segments des fertilisants continuent à évoluer à des rythmes variés, et c’est cette évolution entre restauration et recomposition dont témoignent les chiffres de cette campagne. De nombreux facteurs, comme le coût élevé de l’énergie en France et en Europe, ou encore la concurrence déloyale des importations, continuent de mettre sous pression la compétitivité de nos adhérents », indique Delphine Guey, présidente de l’Unifa. L’Union des industries de la fertilisation, Unifa, a publié le 20 janvier 2025, ses chiffres pour la campagne 2023 - 2024. 17,9 millions de tonnes de fertilisants ont été livrés en France, contre 17,8 Mt en 2022-2023.

Les fertilisants organiques représentent 42,5 % des livraisons de fertilisants en volumes

La progression du recours à des fertilisants d’origine organique est liée à une augmentation de l’entretien des santés physique, biologique et chimique des sols.

Les fertilisants organiques commercialisés se stabilisent à environ 42,5 % des livraisons de fertilisants en volumes poursuivant une hausse régulière depuis 5 ans. « Le carbone est au cœur de la fertilisation et la progression du recours à des fertilisants d’origine organique est liée à une augmentation de l’entretien des santés physique, biologique et chimique des sols, indispensables à une production élevée, respectueuse de l’environnement, et, dans une moindre mesure, à la conjoncture économique actuelle », explique Eric Giovale, président de la section des fertilisants organo-minéraux et organiques à l’Unifa.

Une baisse structurelle sur les engrais minéraux

Il faut considérer les trois à cinq dernières campagnes, qui confirment la tendance structurelle à la baisse des livraisons d’engrais.

Les engrais minéraux connaissent une baisse structurelle. Les livraisons d’engrais se sont stabilisées à 10,1 millions de tonnes, enregistrant un rebond de +6,1 % par rapport à la campagne 2022-2023, mais restant en retrait de -6,7 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes. « La campagne 2022-2023 a été exceptionnelle, avec une chute des apports de fertilisants due à des prix élevés, des perturbations de production et une météo défavorable. Pour une analyse plus fiable, il faut considérer les trois à cinq dernières campagnes, qui confirment la tendance structurelle à la baisse des livraisons d’engrais », explique Renaud Bernardi, président de la section des Producteurs Industriels d’Azote à l’Unifa.

Si les évolutions en volume de produits sont contrastées entre les engrais azotés phosphatés et potassiques, une baisse généralisée en quantité d’éléments nutritifs pour l’ensemble des éléments est observée. Seuls les amendements minéraux basiques affichent une progression positive.

Livraisons en kT de produits pour la campagne 2023-2024 et évolution par rapport aux  moyennes des livraisons pour les 3 et les 5 dernières campagnes. - © Unifa
Livraisons en kT de produits pour la campagne 2023-2024 et évolution par rapport aux moyennes des livraisons pour les 3 et les 5 dernières campagnes. - © Unifa

Livraisons en kT d’éléments nutritifs pour la campagne 2023-2024 et évolution par rapport aux  moyennes des livraisons pour les 3 et les 5 dernières campagnes. - © Unifa
Livraisons en kT d’éléments nutritifs pour la campagne 2023-2024 et évolution par rapport aux moyennes des livraisons pour les 3 et les 5 dernières campagnes. - © Unifa

Baisse en phosphore et potassium

Les livraisons d’engrais simples N en 2023-2024 enregistrent une baisse structurelle de 11 %, liée aux difficultés climatiques et aux problèmes de trésorerie des agriculteurs, sur la base de la moyenne des cinq dernières campagnes.

« La baisse marquée des apports en phosphore et potassium, respectivement de -17,3 % et -14,2 %, n’est pas qu’une statistique : c’est un signal d’alarme pour notre souveraineté agricole ! » explique Jacques Fourmanoir, président de la section des producteurs d’engrais simples et composés et vice-président à l’Unifa.

La tendance haussière se poursuit pour les amendements minéraux basiques.

« Cette tendance résulte de la prise en compte de l’importance de l’agronomie et du pH dans l’agriculture de demain. Cependant, leur utilisation reste trop dépendante de la trésorerie disponible chez les agriculteurs et est encore insuffisante pour atteindre les objectifs de pH agro climatique de 6,8, qui optimisent la disponibilité des nutriments et favorisent l’activité microbienne des sols », déclare Luc Chorier, président de la section des producteurs d’amendements minéraux basiques à l’Unifa.

Les grandes cultures représentent la majorité du marché des biostimulants, avec 65,5 % des applications en 2023 et une augmentation annuelle de 27,7 %.

Enfin, le marché des biostimulants a connu une croissance significative ces dernières années, selon un panel réalisé par Kynetec pour l’Unifa, auprès de 8 000 agriculteurs :

  • Entre 2019 et 2023, le nombre d’hectares concernés a doublé, avec un taux de croissance annuel moyen de 18 %.
  • Les grandes cultures représentent la majorité du marché, avec 65,5 % des applications en 2023 et une augmentation annuelle de 27,7 %.
  • En 2024, les utilisations en grandes cultures ont cependant marqué le pas en raison de conditions de culture délicates et d’une utilisation des biostimulants pas encore totalement intégrée comme faisant partie de l’itinéraire technique de nutrition des cultures.