8000 hectares de colza, contaminés par un OGM, sont en cours de destruction
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Trois lots de semences de la variété de colza DK Exception, commercialisées par Monsanto sous la marque Dekalb, ont été contaminées par un canola OGM résistant au glyphosate, lors de leur production en contre-saison, en Argentine. Leur destruction est en cours.
Cette pollution fortuite a été détectée à l’automne dernier par la DGCCRF, une fois les colzas semés. Au total, 8 000 ha seraient concernés, concentrés chez 300 producteurs, notamment dans le Centre-Ouest de la France. « Cet OGM est autorisé à l’importation mais pas à la production, explique David Gouache, le directeur adjoint de Terres Inovia. Les seuils détectés sont très faibles, entre 0,001 et 0,0001 %. Mais la réglementation est stricte : toute détection entraine une destruction immédiate ».
Un protocole de destruction, calé
Le protocole de destruction a été élaboré par la DGAL, avec l’aide de Terres Inovia. À charge pour la firme semencière de le mettre en œuvre. La traçabilité a permis de remonter aux distributeurs, aux agriculteurs et aux parcelles concernées. « La destruction des 8000 ha est en cours, précise-t-il. Pour les colzas dont la biomasse est inférieure à 1 kg/m2, une destruction mécanique peut suffire. Le travail profond du sol et le labour sont proscrits. Pour les colzas plus gros, le protocole inclut un passage de désherbant (le 2,4 D) suivi, quelques jours plus tard, d’une destruction mécanique. »
Quelle culture implanter derrière ces colzas ?
Se pose désormais la question de la culture de remplacement. « Plusieurs points doivent être pris en compte, liste David Gouache. Après un passage de 2,4 D, un délai doit être respecté pour implanter d’autres cultures. Il est de 15 jours pour un maïs, un mois pour le soja et deux mois pour le tournesol. Et n’oublions pas que, selon les désherbages déjà réalisés, certaines cultures sont proscrites. Bien entendu, dans ces parcelles contaminées, l’implantation de colza et de toutes crucifères est interdite pendant deux ans. Le contrôle des repousses devra également être rigoureux ».
L’enjeu pour les agriculteurs concernés est désormais de pouvoir entrer dans les parcelles pour réaliser ces destructions. Terres Inovia rappelle que les conditions d’application du 2-4 D sont précises : pas d’application sous 5°C. La portance du sol peut également, dans certaines parcelles, devenir un élément limitant.
Une compensation financière des agriculteurs est prévue. La Coordination Rurale évoque « une indemnité forfaitaire non négociable de 2 000 euros/ha ». Le syndicat s’étonne par ailleurs « du délai considérable intervenu entre la découverte de cette pollution, officiellement le 28 octobre dernier, et l’absence d’informations que la DGAL aurait dû fournir aux agriculteurs ».
La Fop demande à Dekalb d’indemniser les producteurs
La Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux, Fop, demande à Dekalb qu’il indemnise « les producteurs à hauteur de leurs pertes réelles immédiates et qu’ils puissent l’être aussi dans les années futures dès lors qu’ils devraient subir les conséquences dans le temps de cette présence fortuite ». Elle réclame également un protocole national transparent, applicable à tous les producteurs, établi en commun avec les agriculteurs, les organismes stockeurs, les instituts techniques et les distributeurs. Et refuse toute approche individuelle.
De son côté, dans un communiqué du 6 février, la société Dekalb annonce qu’elle suspend la production de semences de colza en Argentine, d’où provenaient les semences en question. Une « zone normalement indemne de production de semences de colza OGM », précise la structure. Elle entend se « recentrer sur une production européenne ». L’occasion pour la Fop et la FNSEA de rappeler « l’excellence de la production française de semences qui fait l’objet de protocoles extrêmement stricts et fiables et donnent à ce secteur économique une reconnaissance mondiale ».
A.G. et S.Ay.