Élevage : Interbev et quatre ONG environnementales tirent le bilan de trois ans de concertation
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L’initiative démarre en 2014. L’interprofession bétail et viande (Interbev) entre alors en contact avec quatre ONG environnementales pour lancer une démarche de concertation autour des enjeux climatiques liés aux élevages bovins allaitants. La médiation est confiée en partie au ministère de l’Écologie. Un ouvrage, présenté le 22 février dans les locaux parisiens d’Interbev, récapitule le fruit de cette collaboration.
Aborder aussi les sujets qui fâchent
Entre éleveurs et ONG, « la culture du dialogue n’est pas évidente, relève Arnaud Gauffier en charge de l’agriculture au WWF. Cette concertation a surtout le mérite d’avoir duré et dépassé le cap des échanges superficiels. » Les participants prennent le temps d’aborder les liens entre les élevages bovins allaitants avec leur environnement, même ceux qui créent la crispation.
Six leviers de réduction des GES en élevage bovin allaitant
Et si certains désaccords existent encore en 2017, plusieurs consensus émergent dans une liste de six leviers de progrès partagés pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre en élevage bovin allaitant :
- Évaluer par une approche multicritères les impacts positifs et négatifs des exploitations sur l’environnement.
- Renforcer l’autonomie alimentaire des élevages et territoires, en quantité et qualité.
- Valoriser les effluents pour viser l’autonomie en fertilisants, structurer les sols et gérer les flux azote.
- Maintenir et accroître le stockage de carbone dans le sol (prairies, haies).
- Optimiser la gestion du troupeau.
- Réduire les émissions de méthane entérique via la ration alimentaire.
Développer des réflexes communs
« Ce travail doit dépasser la concertation et aboutir à la co-construction d’un langage et d’actions en commun », déclare Nicolas Imbert, directeur de Greencross. Les liens noués ont ainsi permis de trouver des terrains d’ententes à exploiter, et le réflexe de concertation a vite été pris entre certains acteurs. Amandine Lebreton, en charge de l’agriculture à la Fondation Nicolas Hulot (FNH), l’illustre : « Interbev et la FNH partage le même avis concernant le Ceta. Nous avons cosigné un courrier commun à ce sujet. »
Vers des démarches plus transversales
Cet « exercice exemplaire », comme le qualifie Julien Fosse, du commissariat au développement durable du ministère de l’Écologie, est selon lui un élément constructif à prendre en compte pour orienter les politiques publiques françaises et la Politique agricole commune. Et une source d’inspiration pour d’autres filières ? « On pourra difficilement transposer cette opération dans tous les nombreux secteurs agricoles, tempère Amandine Lebreton. Mais c’est un exemple à suivre, y compris pour des démarches plus transversales. »
« L’ensemble des partenaires étaient suffisamment matures pour se lancer dans un tel projet, relève de son côté Jean-Claude Bévillart, secrétaire national de France nature environnement. L’intérêt d’une approche sociétale de l’agriculture est confirmé. »