Grignon énergie positive : des gains environnementaux par l'optimisation des pratiques
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Référence environnement : Quels sont les principaux résultats de votre programme ?
Sophie Carton : La majorité des gains observés vient de l’optimisation de pratiques existantes. Les ajustements de composition de la ration, des modalités de distribution des aliments, du pilotage de fertilisation des cultures en fonction du climat… ont conduit à améliorer le bilan énergétique et de gaz à effet de serre des exploitations. Des baisses qui peuvent aller jusqu’à 40 % pour la consommation d’énergie par personne nourrie et 20 % pour les émissions de gaz à effet de serre, après 3 à 5 ans. Ces changements ne sont pas très compliqués à mettre en place pour les exploitants car ils sont motivés par des arguments économiques.
Sur la ferme de Grignon, la baisse des émissions de GES et des consommations d’énergie s’élèvent à respectivement 14 % et 34 % entre 2006 et 2015 sur l’atelier lait. 80 % de la diminution de la consommation énergétique et 62 % de la baisse des émissions de GES par litre de lait viennent de l’alimentation, dont 45 % issus des gains effectués sur la conduite des fourrages. Pour l’alimentation, le choix des matières premières, l’augmentation de la productivité des animaux et de l’efficacité du troupeau ont influé sur la baisse de la consommation d’énergie et des émissions de GES.
Outre l’optimisation technique de pratiques existantes, d’autres solutions ont été mises en avant dans le réseau pour l’amélioration de la triple performance des fermes, comme l’agrandissement des systèmes d’exploitation, à partir du moment où il s’accompagne d’économies d’échelle. L’allongement des durées des rotations, avec l’introduction de légumineuses, a été mis en place dans certaines fermes, parfois à la faveur d’incitations financières comme les mesures agro-environnementales. La diminution du travail du sol fait aussi partie des solutions testées, tout comme la production d’énergie renouvelable par le photovoltaïque et la méthanisation.
R.E. : La ferme de Grignon est pilotée par AgroParisTech, ce qui en fait un cas particulier…
S.C. : C’est une vraie exploitation agricole ! Mais il est vrai que de nombreux agriculteurs qui ont visité le site dès le début du projet, en 2005, s’interrogeaient sur la faisabilité sur leur propre exploitation. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé en 2009 de mettre en place un réseau. Nos résultats sont issus de fermes qui ont testé des changements de pratiques sur au moins quatre ans, à savoir 15 fermes. Actuellement, nous avons 11 exploitations, à côté de celle de Grignon, dans le projet : cinq pilotées par Sanders, deux par la coopérative Triskalia (29), et un site pour Agrial, EMC2, CAM et Fermes de Figeac. A priori, nous ne développerons pas davantage le réseau en effectif afin de pouvoir bien analyser les données sur les sites.
R.E. : Quelles sont vos perspectives d’évolution ?
S.C. : Nous allons très probablement nous attaquer à deux autres sujets : l’ammoniac et le stockage du carbone dans les sols. Un sujet plus positif pour le secteur agricole. Une communication de nos résultats sera diffusée à la fin de l’année. Et nous organisons les Rencontres de l’Agriculture Positive au premier semestre 2017.