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Nouvelle-Zélande : le pâturage au cœur du système laitier

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L’initiative est signée de l’Institut de l’élevage, Idele et d’Agrilys, organisateur de voyages centrés sur l’agriculture. Du 19 au 31 janvier 2018, un groupe de professionnels du secteur laitier se sont rendus en Nouvelle-Zélande. Les treize participants étaient issus de presque autant de structures, parmi lesquelles Chambre d’agriculture, coopérative, institut technique, contrôle laitier, vente d’aliment… Deux éleveurs étaient également du voyage. Deux restitutions ont eu lieu, lors du Salon de l’agriculture, et le 20 mars lors d’une conférence organisée par le Cniel. « Chaque participant va maintenant remonter l’expérience dans ses propres réseaux, où les idées pourront circuler et éventuellement trouver un écho en France », explique Mélanie Richard-Lenfant, chef de projet à l’Idele.

Gestion de la biomasse, une vraie compétence

Les enseignements sont nombreux.  Si les systèmes d’exploitation en Nouvelle-Zélande sont plus diversifiés que ce qu’avaient anticipé le groupe, le pâturage reste au cœur de la production de lait. « Certaines fermes en font un axe prioritaire de leur stratégie, note Mélanie Richard-Lenfant. Les investissements sont raisonnés en ce sens : une salle de traite centrale plutôt modeste et des chemins d’accès aux prés, des boviducs pour faciliter une gestion rationnalisée des prairies. Le suivi de l’herbe et de la biomasse est une véritable compétence . La question des bâtiments ne se pose qu’après. »

Gestion de l’eau : un bilan à relativiser

Le voyage a débuté quelques jours après la diffusion du reportage de Cash Investigation sur l’état des eaux en Nouvelle-Zélande. Si la dégradation, dans les zones d’élevage, est réelle et nécessite un changement des pratiques, le bilan actuel n’est pas encore irrattrapable. 99 % des rivières présentent moins de 50 mg/l de nitrate, soit le seuil à partir duquel la directive impose des mesures en France. 92 % des rivières se situent même en dessous des 10 mg/l. « L’inquiétude vient davantage de la latence des mesures prises et envisagées, que de l’état actuel des eaux, précise Mélanie Richard-Lenfant. Les éleveurs se disent conscients de la problématique, le plus grand groupe coopératif, qui collecte 84 % du lait, propose des outils et des compétences dédiées. La réglementation se renforce mais de façon plus « pragmatique » que révolutionnaire. »

Des modes de gouvernances multiples

À l’heure où l’enjeu lié aux installations agricoles ou reprises d’exploitation prend de l’ampleur en France, ce voyage a contribué à élargir les idées. Le « contract milker », par exemple, se voit confier la gestion de l’exploitation par le propriétaire. Payé au résultat, il détient une partie du pouvoir de décision, sans avoir à investir. Le « share milker », lui, investit dans le capital circulant d’une ferme, et touche une part proportionnelle du bénéfice. « Un moyen d’aider les jeunes à accéder à la propriété par étape, tout en s’investissant personnellement, et en apportant sa fraicheur. Ce système permet un passage de relai progressif également en termes d’idées, d’innovations », remarque Mélanie Richard-Lenfant. Les participants du voyage ont également été marqué par l’importance des conseillers agricoles, endossant parfois un véritable rôle de consultant stratégique sur les fermes.