« Un Grenelle de l'agriculture pour renouer le dialogue », Amandine Lebreton, Fondation Nicolas Hulot
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Amandine Lebreton est en charge des questions agricoles et alimentaires à la Fondation Nicolas Hulot. Si elle se dit consciente que la FNH, comme les autres ONG environnementales, peut passer, au sein du monde agricole, pour un « empêcheur de tourner en rond », elle affirme que l’association cherche avant tout à être constructive et force de propositions. Et détaille, pour Référence environnement, les actions et positions de la FNH sur les thématiques agricoles.
Référence environnement : Quelle est la place de l’agriculture au sein de la Fondation Nicolas Hulot ?
Amandine Lebreton : Depuis 2008, il y a une montée en puissance de ces thématiques. Et notamment à travers le prisme de l’alimentation. Une équipe a été formée en interne. Ces dernières années, dans un contexte de crise montante de l’agriculture, nous avons beaucoup travaillé sur les négociations de la Pac, l’agro-écologie, ou encore les pesticides et particulièrement sur l’interdiction des néonicotinoïdes. Notre mobilisation correspond aussi au contexte. Nous souhaitons apporter des réponses et des éclairages à des citoyens de plus en plus préoccupés par ces enjeux et participer à l’émergence de nouveaux modèles agricoles plus respectueux de ceux qui en vivent, de la terre, des consommateurs…
R.E. : Comment percevez-vous la crise que traverse l’agriculture ?
A.L. : Au-delà de l’aspect financier, nous y voyons un dialogue rompu. En 2008, avec le Grenelle de l’environnement, il y a eu une ouverture, des échanges intéressants et constructifs. Mais cela s’est dégradé avec le temps. Aujourd’hui, les agriculteurs souffrent d’un manque de considération lié notamment à ce déficit de dialogue. D’où l’idée d’un Grenelle de l’agriculture émise par Nicolas Hulot. Il s’agit d’une proposition sur laquelle nous devons encore travailler mais qui pose toute l’importance que nous devons accorder à cet enjeu central.
R.E. : Au-delà du lobby, la FNH est-elle impliquée dans des actions de terrain ?
A.L. : Le soutien de projets concrets fait partie de nos missions. C’est surtout le cas à l’international. En France, nous avons soutenu certaines démarches de groupements pour l’agriculture biologique (Gab) ou de Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam). En 2015, nous avons lancé My positiv impact, un concours pour mettre en avant les initiatives vertueuses, parmi lesquelles celles portant sur l’agriculture et l’alimentation, dont les récompenses étaient une valorisation en termes de média et de communication. Nous avons également lancé I field good en 2013, une campagne pour recréer du lien entre agriculteurs et grand public au sujet de la réforme de la PAC.
R.E. : A travers quel prisme abordez-vous l’agro-écologie : politique, pratique, recherche ?
A.L. : Effectivement, on peut y voir ce qu’on veut et c’est une des limites d’une notion aussi large. Nous y voyons une démarche de progrès à même de rassembler. L’agriculture bio est le mode de production le plus respectueux de l’environnement, mais la FNH tente d’élargir le cercle des initiatives en promouvant également l’agro-écologie. Nous voulons valoriser l’ensemble des travaux engagés dans le bon sens. L’agro-écologie, c’est aussi un concept qui prend en compte les spécificités des terroirs.