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Marché des pesticides, un rapport esquisse une analyse coûts sociétaux/bénéfices firmes

Le | Environnement-agroecologie

Ce que coûtent les pesticides à la société, mis en face de ce qu’ils rapportent aux firmes. Voici l’analyse proposée par l’association Pollinis, le CCFD Terre solidaire et le Basic, dans un rapport publié le 30 novembre. Sans surprise, la conclusion appelle à un changement de système agricole.

Agnès Pannier-Runacher lance, ce 15 mars 2024, un cycle de réunions pour comparer les réglementation - © D.R.
Agnès Pannier-Runacher lance, ce 15 mars 2024, un cycle de réunions pour comparer les réglementation - © D.R.

À l’approche de 2022, qui sera à la fois la fois l’année de la présidence française de l’Union européenne, et celle des élections présidentielles, les appels à des décisions politiques fortes se multiplient. L’agriculture ne fait pas exception et les pesticides, encore moins. L’association Pollinis, le CCFD Terre solidaire et le Basic ne se cachent pas de leur intention de peser sur ce contexte global avec leur dernière publication commune : « Pesticides, un modèle qui nous est cher ».

Les pesticides coûteraient 2,3 milliards à l’UE

Rendu public le 30 novembre, ce document s’appuie sur les travaux du Basic pour esquisser une analyse coûts-bénéfices du secteur des produits phytosanitaires. À l’échelle européenne, 2,3 milliards d’euros de dépenses publiques seraient ainsi imputables « directement aux pesticides », avec un impact important du traitement de l’eau potable notamment (1,3 Mrd €) ou du traitement des maladies professionnelles (0,4 Mrd €). Pour ce qui est des dépenses « en partie attribuables aux pesticides », l’addition s’élève à 105,9 Mrd € : le soutien public à l’agriculture, « susceptible de financer les achats d’intrants », est au premier rang (57,8 Mrd €). Les auteurs du document précisent que de nombreux coûts restent inestimables, comme ceux liés à l’érosion de la biodiversité.

En face des 2,3 Mrds € de coûts sociétaux pour les produits phytosanitaires au niveau européen, les trois structures cosignataires du document calculent que le secteur des firmes phytopharmaceutiques tire un bénéfice limité à 0,94 Mrd €. Ce chiffre correspond au bénéfice des firmes avant impôt, amortissement et remboursement de la dette. Les mêmes calculs sont proposés à l’échelle de la France. Verdict : en 2017, les coûts sociétaux s’élevaient à 372 M€, pour un bénéfice estimé à 211 M€.

Bataille de chiffres en prévision

Les conclusions de Pollinis, du CCFD Terre solidaire et du Basic sont claires : « Cette étude confirme la nécessité d’une transition ambitieuse de nos systèmes agricoles, qui permettrait de s’affranchir des pesticides et d’atteindre la souveraineté alimentaire. » Nul doute que les chiffres avancés seront analysés avec soin et commentés dans les prochains jours. L’absence de prise en compte des gains de productivité dans la colonne des bénéfices ne manquera par exemple pas de faire réagir, alors que plusieurs études récentes pointaient précisément du doigt les dégâts collatéraux économiques, pour le secteur agricole, des politiques européennes s’appuyant, notamment, sur une réduction d’usage des pesticides.