Green deal, les études pessimistes pour l’agriculture s’accumulent
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L’inquiétude quant à l’absence d’étude, de la part des instances de l’UE, pour évaluer l’impact du Green deal sur l’agriculture européenne, monte en flèche. Cette lacune est exacerbée par la parution de plusieurs études commandées par des acteurs agricoles, toutes pessimistes pour le secteur, augmentant la pression sur les épaules de la Commission.
Si la Commission européenne souhaitait réellement passer sous silence la publication de l’étude du JRC, centrée sur les conséquences du Green Deal pour l’agriculture, on peut désormais considérer la tentative comme ratée. La DG Agri s’est d’ailleurs défendue, par la voix de son directeur général adjoint, Tassos Haniotis, d’avoir eu cette intention. Ce dernier s’exprimait, le 11 octobre, devant la commission agriculture du Parlement européen. Quoi qu’il en soit, la crainte de dégâts collatéraux du Green deal pour le secteur agricole n’a jamais été aussi vive, et la nécessité de mieux estimer ces dégâts, jamais autant commentée.
Les acteurs du secteur commandent leurs propres études
Plusieurs acteurs de l’agriculture européenne sont mobilisés sur ce dossier épineux. Croplife Europe, représentant de firmes phytosanitaires européennes, a commandé à l’université de Wageningen (Pays-Bas) sa propre étude d’impact. Publiée le 12 octobre, celle-ci évoque des pertes de rendement de 10 à 20 %, ainsi qu’une perte de qualité pour les productions européennes, dans un scénario de baisse de 50 % des utilisations de pesticides, et 20 % pour les engrais.
D’autres études, moins récentes, sont remises en avant. L’université de Kiel (Allemagne) avait publié un document le 9 septembre, sur demande du Grain Club, association des négociants céréaliers allemands, auquel le think tank Farm Europ a redonné une visibilité début octobre sur son site. La Fédération du négoce agricole (FNA) rappelle, pour sa part, sur ses réseaux sociaux cette semaine, que le Cocéral, association de négociants européens, avait mené un travail prospectif du même type en interne, en juin dernier. L’AGPB, enfin, liste sur son site l’ensemble de ces études, en y ajoutant celle de deux scientifiques de l’institut de recherche berlinois HFFA à la demande d’Euroseed, syndicat des semenciers européens, datée de mai 2021.
Un dénominateur commun : la hausse des importations
Si les chiffres décrivant la perte de productivité agricole européenne fluctuent, chaque étude s’appuyant sur des méthodologies et modélisations propres, les conclusions sont unanimes : avec le Green Deal, l’UE exportera moins, et importera plus. Des perspectives qui mettent Bruxelles sous pression. Alors que l’ensemble de ces travaux, commandés par des associations et syndicats agricoles, bénéficie d’un effet loupe ces derniers temps, la « véritable étude d’impact » promise par la Commission revêt un caractère de plus en plus crucial pour objectiver, et si possible rassurer, sur ce qui attend le secteur. Janusz Wojciechowski, commissaire européen à l’agriculture, expliquait fin septembre vouloir attendre les plans stratégiques nationaux des États membres pour enclencher ce travail.