Agrotendances

Gaïago se réorganise avec une double direction après son redressement judiciaire

Le | Nutrition & fertilisation

Après son redressement judiciaire en mars 2024, Gaïago annonce à Référence agro sa nouvelle organisation. Deux nouveaux directeurs ont été nommés le 27 novembre, sous l’égide de l’actionnaire majoritaire Vol-V. Entretien avec Samuel Marquet, l’un des nouveaux directeurs, et Arnaud Guyot, représentant de Vol-V dans la présidence de l’entreprise.

Gaïago se réorganise avec une double direction après son redressement judiciaire
Gaïago se réorganise avec une double direction après son redressement judiciaire

Suite à la mise en redressement judiciaire de Gaïago le 5 mars 2024 et au départ de son directeur général Michel Funfschilling en juillet 2024, poste qu’il occupait depuis mars 2022, l’entreprise vient d’achever sa restructuration. Gaïago, dont Vol-V est devenu actionnaire majoritaire à 50,04 % depuis le 11 juillet 2024, se dote d’une double direction.

Lors de l’assemblée générale du 27 novembre 2024, Samuel Marquet, cofondateur de Gaïago, a été nommé directeur général, ainsi qu’Alexandre Euzenot, qui rejoindra officiellement l’entreprise le 6 janvier 2025. Directeur des productions animales chez Timac, Alexandre Euzenot prendra en charge le volet commercial de la structure.

Gaïago s’organise autour de trois pôles :

    • Innovation et marketing, sous la responsabilité de Samuel Marquet.

    • Ventes, confiées à Alexandre Euzenot.

    • Opérations, pilotées par Francesco Fraioli, arrivé dans l’entreprise le 28 octobre 2024

    La présidence de Gaïago est désormais assurée par Vol-V, tandis que Jean-Pierre Princen, ancien président de la société, dirige le comité stratégique qui regroupe les actionnaires.

    Référence Agro s’est entretenu avec Samuel Marquet, l’un des nouveaux directeurs généraux de Gaïago, et Arnaud Guyot, représentant de Vol-V dans la présidence de l’entreprise.

    Comment Gaïago s’est-elle retrouvée dans la situation de redressement judiciaire ?

    Samuel Marquet : Gaïago s’était positionnée comme un acteur clé pour accélérer la transition vers un nouveau modèle agricole. Cependant, la guerre en Ukraine a bouleversé les équilibres. La hausse vertigineuse des prix des engrais et la fermeture de certains marchés ont frappé de plein fouet nos projets. Nous avions misé sur l’export avec des investissements lourds, mais la contraction du marché nous a considérablement impactés.

    Arnaud Guyot : Le redressement judiciaire a été prononcé le 5 mars 2024. Dès lors, la direction a activement recherché des actionnaires, repreneurs ou financeurs potentiels. En parallèle, nous étions déjà en pourparlers avec Gaïago pour envisager un plan de continuation. Le 21 juin 2024, le tribunal de commerce de Saint-Malo a validé le projet de reprise par Vol-V.

    Présentez-nous Vol-V ?

    Arnaud Guyot : Vol-V a été un acteur pionnier des énergies renouvelables en France. Après 25 ans, nous avons cédé en 2019 nos activités historiques pour nous repositionner comme investisseurs dans de nouveaux secteurs. L’agriculture est devenue un axe prioritaire, notamment via les biosolutions et la revitalisation des sols. Notre ambition : améliorer la résilience des filières agricoles.

    En mars 2023 nous avons pris une participation de 33 % dans Garoma, une entreprise dédiée aux plantes aromatiques et huiles essentielles. Au printemps 2024, nous avons investi dans une autre structure active dans le secteur des biosolutions, dont le nom reste pour l’instant confidentiel.

    Gaïago représente un acteur plus important que les structures mentionnées, avec une taille et un équilibre économique différents. Dans notre stratégie de redéploiement, nous avons identifié Gaïago comme une opportunité majeure et avons entamé des discussions approfondies.

    Où en est la situation financière de Gaïago ?

    Arnaud Guyot : Le remboursement des dettes a été rééchelonné, et un échéancier a été mis en place. Une restructuration des effectifs a également eu lieu, avec 9 licenciements et des départs volontaires. Aujourd’hui, l’entreprise compte 45 collaborateurs, dont 41 en France et 4 en République Tchèque et Pologne.

    Gaïago a été rentable pendant de nombreuses années. Nous nous sommes donné pour objectif de rétablir cette rentabilité d’ici fin 2026 pour pérenniser son rôle d’acteur majeur dans la revitalisation des sols, tant en France qu’en Europe.

    Quels sont les premiers objectifs de la nouvelle direction ?

    Samuel Marquet : Nous souhaitons poursuivre le déploiement de nos solutions de revitalisation des sols, contribuant à la performance de l’agriculture régénérative. Nous avons démontré ces dernières années l’efficacité agronomique de nos produits, tant sur la fertilité des sols que sur les rendements et la qualité des productions agricoles.

    Parallèlement, nous développons notre programme de financement de la transition, Gaïago Carbone, qui valorise les services environnementaux liés au stockage de carbone. À ce jour, plus de 35 000 hectares sont concernés, principalement en France et en Belgique.

    Nous continuerons également à innover grâce à notre partenariat avec UniLaSalle Beauvais dans le cadre de la chaire de recherche Biomes. L’agriculture et le vivant sont des terrains d’innovation incroyables. Nous nous engageons à proposer des solutions simples à mettre en œuvre pour les agriculteurs, tout en les accompagnant via un financement et une expertise agronomique adaptés.

    Notre mission reste inchangée : apporter des réponses concrètes pour la transition agricole, en soutenant à la fois la durabilité économique et environnementale de nos clients.