Semences : des baisses de production et des ruptures d’approvisionnement possibles
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Sous l’effet d’un climat néfaste et de blocages commerciaux, les surfaces de semences reculent pour de nombreuses cultures en 2024. Si l’approvisionnement est assuré pour certaines filières comme le maïs, des tensions se profilent pour d’autres, telles que le tournesol ou les légumineuses, annonce Olivier Paul, président de l’UFS.
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Evolution de la production de semences en 2023/2024. Source : Semae[/caption]
« Le climat de cette année s’est révélé particulièrement néfaste pour les productions de semences en France et en Europe, et la fermeture du marché russe a accentué le recul de la production, a indiqué Olivier Paul, président de l’Union française des semenciers, UFS, le 13 novembre lors d’un point presse à Paris. Les semis de céréales avaient démarré dans des conditions perturbées au printemps, suivis d’une récolte complexe. » Dans ce contexte négatif, les surfaces consacrées aux semences ont sensiblement diminué, notamment pour les céréales, les protéagineux et le maïs. « Il pourrait y avoir des ruptures dans l’approvisionnement des variétés de tournesol, de soja et de sorgho », indique-t-il.
- Les semences de céréales d’hiver ont ainsi reculé de 5 %, pour s’établir à 103 520 hectares, alors que celles de céréales de printemps progressent légèrement de 1 %, atteignant 14 714 hectares. « Nous répondons globalement à la demande pour 2024/2025, bien que la qualité en soit affectée », explique-t-il.
- La production de semences de protéagineux recule de 7 %, à 11 210 hectares, avec des facultés germinatives affaiblies, notamment pour les pois protéagineux d’hiver, bien que les objectifs de volume soient atteints.
- La production de semences de maïs accuse une baisse importante de 24 %, à 61 200 hectares. « Si le marché français est resté dynamique, les exportations européennes, notamment vers la Russie, se sont fortement contractées, explique Olivier Paul. Cependant, l’approvisionnement en variétés ne devrait pas être compromis, grâce aux bons rendements de l’année précédente. »
- À l’inverse, la production de semences de sorgho enregistre une hausse de 46 %, atteignant 1 006 hectares. « Cette dynamique est notable, mais des interrogations subsistent concernant la qualité des semences, notamment leur capacité germinative », explique le président de l’UFS.
- Pour le tournesol, une baisse de 5 % à 16 035 hectares laisse envisager des ruptures d’approvisionnement. Les conditions climatiques actuelles ont causé d’importants retards de récolte, avec un fort risque d’impact sur la qualité des semences, notamment au niveau de la faculté germinative, ce qui pourrait provoquer des tensions sur le marché, selon l’UFS.
- La production de soja diminue également de 11 %, pour atteindre 5 578 hectares. « Le soja, comme le maïs, est récolté dans des conditions humides, ce qui soulève des doutes sur sa qualité, bien que nous manquions encore d’éléments précis pour l’évaluer », reconnaît Olivier Paul.
- Les fourragères, avec une stabilité des surfaces à 43 570 hectares, connaissent cependant une année 2024 marquée par un net retrait du marché en fourragères et gazons, en raison du climat. D’importantes tensions sur les marchés sont à prévoir, avec des problèmes de stocks en légumineuses en France comme en Europe (risque de rupture déjà observé pour le trèfle violet), explique l’UFS.
- Concernant les betteraves, les surfaces atteignent 4 816 hectares en 2024, contre 4 669 hectares en 2023. « L’année 2024 reste toutefois une mauvaise année pour la production de semences, avec de faibles rendements bruts et de mauvais rendements industriels. Le risque de découragement des agriculteurs multiplicateurs est élevé, après une succession de mauvaises années de production », explique Olivier Paul.