Adivalor vise 100 % de déchets recyclés en 2030

La filière de collecte des déchets de l’agrofourniture fêtera en 2021 ses 20 ans. Pierre de Lépinau, directeur d’Adivalor,  a rappelé sur le salon de l’Agriculture, ce 25 février, les chiffres clés  : 67 % des emballages plastiques agricoles sont recyclés en France alors que ce taux avoisine les 38 % dans les autres secteurs industriels et chez les consommateurs. Et lorsque tous les plastiques agricoles sont additionnés, il atteint presque 90 %. Cette performance a déjà voyagé à travers le monde, puisque que la profession agricole française est la seule à avoir conçu et développé une telle organisation de récupération autonome et volontaire.

Liberté d’action et objectifs assumés

Les très bons scores de collecte ont garanti à Adivalor la poursuite de son initiative hors les directives de la loi sur l’économie circulaire votée en décembre 2019. Cette autonomie permet de ne pas accroître les coûts de gestion des déchets liés à un changement de modèle. « La filière affiche déjà des résultats supérieurs aux objectifs de la loi qui sont fixés à 50 % en 2025, indique Pierre de Lépinau. Nous devons rester pilote et maître de nos moyens, ce qui ne nous empêche pas d’être rattachés au cadre général de la loi et de rendre des comptes. » Et aussi de pousser les pouvoirs publics : « Nous demandons un taux d’incorporation de 25 % des plastiques recyclés dans les produits, il est en moyenne de 6 % actuellement, et avec un retour à un cours de la matière première économiquement viable », complète-t-il. Car Adivalor vise le 100 % de produits recyclés et collectés en 2030.

Développer plus de filières de recyclage

Comment ? Côté recyclage, en soutenant trois projets d’usines en partenariat avec d’autres acteurs de ce secteur et de l’environnement en raison de l’arrêt du traitement des plastiques par la Chine. Une unité va être ouverte non loin de Montpellier en 2021 pour traiter 10 000 tonnes de films plastiques de maraîchage, une autre sera créée en 2022, dans un lieu non validé, pour les sacs d’engrais. Elle fait l’objet d’un appel à projets. Enfin, une réflexion est en cours pour les filets des round baller. « Et ce sera une première mondiale ! » souligne Pierre de Lépinau.

La collecte, un service à valoriser dans les régions les moins performantes

Les leviers pour faire grimper les scores se trouvent aussi du côté des volumes de déchets issus des territoires agricoles français les moins performants, notamment sur le pourtour méditerranéen. Le rôle de la distribution agricole est majeur. Adivalor plaide pour une prise en compte systématique du critère « gestion des déchets de l’agrofourniture » dans les cahiers des charges des différentes filières de qualité.

Dans le cadre de la séparation de la vente et du conseil en 2021, pour ceux qui choisiront la vente, insister sur la récupération des emballages est un moyen de recréer de l’échange autour des recommandations produits, puisque l’écocontribution est incluse dans le prix. Des distributeurs peuvent aussi être amenés à récupérer jusqu’à 140 % des emballages qu’ils mettent en marché. Chaque opération a un coût. « Pour ceux qui choisissent le conseil, la récupération des emballages phytopharmaceutiques peut être une composante de l’offre de service à valoriser économiquement », complète Pierre-Yves Busschaert, en charge du dossier à l’UIPP, membre fondateur d’Adivalor.

Élargir l’éventail des collectes et la qualité des déchets

Élargir l’éventail de la collecte est un autre levier pour accroitre ses performances. La collecte des emballages d’hygiène animale en volailles et porcs est engagée en 2020, celle des EPI est au programme. La qualité des déchets entre aussi en jeu. Adivalor et CPA ont mis au point de nouvelles machines afin de réduire le taux de salissure des films agricoles, difficiles à recycler pour cette raison. Car si la collecte des emballages phyto est bien rôdée, celle des bâches doit s’améliorer.

Repères

• Plus de 80 000 tonnes de déchets de l’agrofourniture collectés par an recyclées à près de 90 %.
• 67 % des emballages recyclés
• 11 500 t de PPNU éliminées depuis 2001
• 20 flux gérés séparément de l’agriculteur au valorisateur
• Plus de 30 000 demandes d’enlèvement