Alternatives aux phytosanitaires : « dans le monde industriel on ne fait pas de miracle ! », pour l'UIPP
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Le marché des produits phytosanitaires en France se porte bien : le chiffre d’affaires du secteur y oscille autour de deux milliards d’euros depuis 2000. L’Union des industriels de la protection des plantes (UIPP) a fait le point le 4 décembre sur sa stratégie, en soulignant l’irréalisme des injonctions politiques et réglementaires. « On nous dit qu’il faut aller plus vite pour développer des alternatives en nous donnant des échéances précises, mais ce n’est pas en enlevant des produits que l’on ira plus loin dans l’innovation, c’est un mythe. La réalité c’est qu’il existe 10 000 bioagresseurs pour lesquels il faut apporter des solutions. Il ne s’agit pas de rester immobile, mais le pas de temps scientifique n’est pas le pas de temps politique », résume Eugénia Pommaret, directrice de l’UIPP.
Attente d’un cadre européen pour le développement du biocontrôle
Les adhérents de l’UIPP investissent actuellement 10 % de leur chiffre d’affaires dans la recherche, dont 1 % dans le biocontrôle. Si le secteur représente 5 % du marché français de la protection des plantes, les 15 % sont visés d’ici à 2025. « Pour que le biocontrôle se développe, il faut, a minima, qu’une définition européenne soit instituée », explique Nicolas Kerfant, président de l’UIPP. Car ces produits, qui nécessitent entre 10 à 15 ans pour être élaborés, ont besoin d’un « cadre stable » pour se développer et « répondre à un grand nombre de marchés », continue-t-il.
Des solutions combinatoires
Même dans le cas d’une multiplication par trois du secteur, 85 % du marché sera encore accaparé par les solutions conventionnelles. Près de la moitié (45 %) du marché français est, de même, occupé par les herbicides, pour lesquels aucune solution de biocontrôle n’existe actuellement. « Il va falloir trouver des solutions mais dans le monde industriel on ne fait pas de miracle », prévient Nicolas Kerfant. L’UIPP plaide ainsi pour la mise en œuvre de solutions combinatoires, où génétique, robotique, numérique, machinisme seraient les composants d’une grande boîte à outils. « Nous voulons aller dans le sens d’une sobriété en matière d’utilisation des produits phytosanitaires, via l’optimisation des solutions existantes et une réduction des risques », plaide ainsi Eugénia Pommaret.
L’agriculture biologique également concernée
La question sensible de l’utilisation du cuivre récemment réhomologué pour sept ans par la Commission européenne, prouve que le difficile développement d’alternatives touche également l’agriculture biologique. « Nous nous demandons aujourd’hui comment nous allons réussir à trouver une substitution d’ici à sept ans », admet Nicolas Kerfant. Une recherche compliquée par l’absence de statistique sur l’utilisation des produits phytosanitaires en agriculture biologique en France. « C’est problématique pour analyser finement les besoins », regrette Eugénia Pommaret.