Au Sival, plein feu sur les solutions alternatives et le high-tech
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Le Sival, qui s’est tenu du 17 au 19 janvier à Angers, a une nouvelle fois démontré la capacité à innover du secteur des cultures spécialisées. L’engouement pour les solutions alternatives aux intrants classiques a encore une fois été constaté pour cette 31e édition, les sociétés présentant de nombreuses nouveautés.
Pour preuve : Arysta Lifescience a organisé une conférence sur les biostimulants qui a fait salle comble, les organisateurs ont même du refuser du monde. Les sociétés positionnent souvent ces solutions en complément des engrais et pesticides pour sécuriser les rendements, éviter l’apparition de résistance et améliorer la qualité des produits. Un point fondamental pour les cultures spéciales. Ces produits alternatifs disposent de plus en plus d’autorisations de mise sur le marché, AMM, qui sécurisent les distributeurs et les exploitants.
Autre fil rouge du Sival : les solutions high tech. Un symposium était organisé sur le sujet et pour la première fois, des start-up étaient regroupées sous la bannière de l’association « La ferme digitale ».
Reportage dans les allées du salon
La distribution agricole face à demande en solutions alternatives
La CAMN poursuit sa stratégie de développement des solutions alternatives, qui représentent 10 % de sa gamme. La coopérative agricole des maraîchers nantais communiquait sur le pilotage de l’irrigation, notamment l’intérêt d’utiliser une sonde capacitive. La société va également expérimenter l’utilisation du Flocter, un produit de biocontrôle de Bayer, en goutte à goutte localisé.
Aux Ets Ceneray, la gamme s’élargit également vers les produits alternatifs. « C’est une forte revendication depuis deux ans, explique Stéphane Bidet, technico-commercial cultures spécialisées. Ils concernent 20 % de notre gamme et cela va augmenter. La confusion sexuelle est aujourd’hui indispensable pour les cultures spéciales. »
« Beaucoup d’innovation arrive sur ce créneau, reconnait Denis Bardet, technico commercial arboriculture fruitière à la CAPL, la coopérative agricole des Pays de la Loire. Le courant est porté par une volonté sociétale d’évolution de la protection phytosanitaire. En trois ans, les arboriculteurs ont remplacé massivement les produits chimiques par ces solutions plus naturelles. Les sociétés classiques investissent : il faut leur faire confiance et leur laisser du temps pour proposer des solutions fiables. »
« Dans le monde du maraichage du Val de Loire, notre service dédié au biocontrôle est par ailleurs une réelle particularité, avec un chiffre d’affaires d’environ un million d’euros par an, explique Joseph Faligant, directeur commercial de Cecoval, filiale de Terrena.
Les sociétés lancent des innovations
Nufarm communiquait sur les fongicides naturels Botector et le Blossom Protect, respectivement contre le botrytis de la vigne et le feu bactérien en verger. Ils agissent grâce à un champignon compétiteurs des parasites. « Ils peuvent être utilisés seuls ou dans un programme plus conventionnel pour limiter les pesticides », indique Noël Schermesser, directeur marketing Agro France.
Compo a obtenu une AMM pour Basfoliar en tant qu’additif pour matières fertilisantes. La revendication : un stimulateur de croissance racinaire. « L’AMM donne une sécurité pour les clients », explique Jessica Da Costa.
Dow AgroSciences présentait les nouveautés de sa gamme. Spinetoram, une nouvelle matière active d’origine naturelle à base de bactéries fermentées, a donné naissance à deux insecticides en vigne et en arboriculture.
Certis mettait en avant son Sival d’argent pour Eradicoat afin de lutter en protection biologique intégrée contre les aleurodes, pucerons et acariens. C’est un produit à base de maltodextrine, soit un sucre. « Nous espérons toucher à terme la moitié des surfaces de tomates sous serre », explique Pedro Michelin, chef marché vigne, arbo et maraichage.
Lallemand a obtenu un Sival d’or pour l’association Prestop 4B, un biofongicide contre Botrytis cinerea en culture de fraises et de framboises, et flying doctors (bourdons véhiculant l’agent de biocontrôle) dans la catégorie « Intrants, protection des cultures, fertilisations ». La spécialité est destinée à lutter contre la pourriture grise sur fraises et framboises sous abri.
De Sangosse présentait sa gamme de biocontrôle. Le Checkmate Puffer, pour la confusion sexuelle, arrive en vigne. « Nous allons continuer à développer la gamme Puffer avec des confusions doubles comme le carpocapse-tordeuses ou le cochylis-eudemis », indique Marina Astié, chef marché vigne, arbo et maraichage.
Belchim a obtenu une dérogation en usage pépinière pour son fongicide biologique Vintec, et attend l’homologation officielle. Le produit est destiné à lutter contre les maladies du bois de la vigne Esca et Black dead arm.
Vivagro communiquait sur son huile essentielle d’orange douce qui a désormais deux noms commerciaux : Limocides et Essen’ciel. Auparavant dénommé Prev-Am, il a obtenu une AMM fongicides et insecticides. « Les questions portent sur le mode de fonctionnement, l’utilisation dans un programme classique, explique Christine Simoes, chargée d’affaire Nord Est. Il faut préserver les produits phytosanitaires et éviter les résistances : nos produits sont là pour cela. »
Koppert poursuit le développement de sa solution NatuGro, qui propose un service et un ensemble de solutions au cas par cas. Il concerne une centaine d’hectares. La société a édité un guide de témoignage d’agriculture utilisant NatuGro.
Bayer présentait le produit de biocontrôle Flocter, à base de Bacillus firmus, contre les nématodes, qui a obtenu une AMM. La société communiquait sur son association avec Velum prime, dont la matière active est le fluopyram, pour un programme complet nématicides.
Union autour du numérique
Enfin, la Ferme Digitale, créée en janvier 2016, et les 13 start-up qui la composent, faisaient leur première apparition au Sival. Objectif : mettre en commun leurs moyens pour promouvoir l’innovation et le numérique en agriculture. « Nous allons aussi créer de la compatibilité entre nos différents outils », explique Mélanie Bataillard, responsable relation client chez Weenat, une des structures adhérentes à la ferme.