Aux Culturales, les semenciers font le pari de la diversification
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Malgré une météo capricieuse, les semenciers étaient au rendez-vous dans les allées des Culturales, qui se tenaient dans la Vienne les 5 et 6 juin. Face à la baisse des ventes des semences certifiées et dans un contexte réglementaire mouvant, les acteurs du secteur se tournent vers la génétique pour développer des variétés résistantes, font le pari de la qualité avec le blé biscuitier, et diversifient leurs débouchés, notamment dans le bio ou la méthanisation. Tour des stands.
Agri-Obtentions - Présentation d’un premier blé biscuitier bio
Cette année, Agri-Obtentions a souhaité mettre l’accent sur la richesse et le dynamisme de sa recherche. Le semencier présente une dizaine de nouvelles variétés en blé, orge, avoine, pois et féverole. Mais aussi deux inscriptions en blé biologique, dont un premier blé biscuitier, Gwastell. « Nous sommes leader sur le marché du blé bio, nous continuons sur cette lancée », indique Justine Huttepain, responsable communication chez Agri-obtentions.
CAUSSADE SEMENCES - Un axe éco-durable assumé
Bien que présent sur une gamme multi-espèces, le semencier Caussade Semences a tout particulièrement insisté sur sa variété colza, Memory CS, représentant 2 % de parts de marché en France. « C’est une très grosse variété en constante évolution depuis 2012 », rappelle Olivier Nerambourg, chef produit oléagineux chez Caussade Semences. Ce dernier rappelle également la place occupée par la recherche dans la stratégie du groupe, pour aller chercher de nouvelles espèces et de nouvelles associations de cultures, dans une démarche éco-durable. La baisse des ventes des semences certifiées inquiète toutefois le semencier.
Energy Seeds - Des essais en bio
Proposant actuellement dix variétés de maïs spécifiques à l’agriculture biologique, Energy Seeds a choisi de souligner son ambition en la matière aux Culturales. « Nous avons connu une croissance de 10 % au niveau de la France. Le développement de cette gamme répond à une demande de nos clients. Des essais sont actuellement mis en place », précise Diego Gentil, responsable commercial Grand-Ouest. Le groupe rappelle également être le détenteur de la seule variété de chia déposée en France pour le marché européen, pour la troisième année consécutive. 300 hectares y sont actuellement consacrés.
FLORIMOND Desprez - Winner, un blé aux fortes ambitions
« Winner est la nouveauté la plus multipliée : 980 ha. Déjà inscrite en Italie, elle devrait l’être en France cet été, confie Jérôme Vansuyt, responsable développement céréales. Résistante à la verse, aux rouilles, à la septoriose, elle se comporte bien dans toutes les régions de production. BPS, elle affiche de bons taux de protéines et un bon rendement. Autres variétés phares de la gamme : Unik et Pilier. Les agriculteurs recherchent une tranquillité de production avec des génétiques équilibrées. Avec la montée des problématiques désherbages, les variétés au fort pouvoir couvrant sont très recherchées ».
KWS MOMONT - Une richesse de gamme, teintée de nouveautés
3e sur le marché national du blé avec 11 % de PDM, KWS présentait plusieurs de ses variétés phares. « Et notamment Extase qui, avec 4500 ha de multiplication l’an prochain, pourrait devenir la 2e variété la plus multipliée en France. Ses atouts : un excellent potentiel de rendement et une très bonne résistance aux maladies et à la verse », rappelle Nicolas Dezobry, chef produits céréales chez KWS. A noter également la forte demande en blés destinés à la méthanisation. En orge d’hiver, le semencier mettait en avant Faro, la brassicole tolérante à la JNO. « En colza, tous les regards sont rivés sur le comportement des variétés face aux insectes, constate Christophe Maillard, chef produit hybrides chez Momont. Objectif : semer tôt, rapidement. Nous plaçons beaucoup d’espoir dans nos deux nouveautés Hophelia et Hambre qui répondent à l’ensemble des attentes des colzaïculteurs ».
Lemaire Deffontaines - Du blé biscuitier en discussion
Alors que de plus en plus de semenciers se tournent vers le bio, Lemaire Deffontaines met en avant ce choix historique : l’agriculture biologique représentant 25 % de son activité. Une « spécificité en progression chaque année », indique Philippe De Wilde, responsable développement chez Lemaire Deffontaines. Ce dernier explique également que le groupe est en discussion avec les industriels, inquiets de la pénurie de blé biscuitier. « Nous avons été obligés de relancer notre variété Glasgow pour répondre à cette demande », précise-t-il.
LG Semences - De nouvelles variétés tolérantes JNO
« L’un des points principaux sur lequel nous insistons est notre réponse à la JNO, alors que le Gaucho a été interdit en 2018 », explique sur le stand de LG Semences Maxime Sergent, chef de marché céréales et protéagineux. Le groupe présente une nouvelle variété d’orge tolérante JNO, LG Zebra, inscrite en janvier 2019. En blé, deux nouveautés : LG Auriga, tolérante au chlortoluron et retenue en observation par l’ANMF, et LG Skyscraper, adaptée au tiers-Nord de la France et faisant preuve d’une bonne résistance à la rouille jaune et à la cécidomyie orange.
Pioneer - Valoriser la « culture d’avenir » du maïs
Présent sur le stand Corteva, Pioneer présentait trois nouvelles variétés de maïs hybride : Aquamax, s’ajoutant aux cinq déjà proposées. « Ces nouveautés doivent nous permettre d’avoir une plage d’utilisation plus large et accroît notre capacité de réponse en cas de stress hydrique », détaille Sébastien Moureau, chef produit maïs chez Pioneer. La structure a également insisté, une nouvelle fois, sur sa gamme Sem’expert Dry en maïs. « Nous voulons montrer qu’il est possible d’être rentable avec du maïs non-irrigué, afin de recréer des hectares de maïs. Nous avons de grandes ambitions pour le maïs grain », explique Clarisse Kouame, responsable communication chez Pioneer.
RAGT SEMENCES - Des colzas CEPP comme alternatives aux produits phytos
Insistant sur sa place de « premier opérateur semencier en France », avec des récoltes s’étendant sur deux millions d’hectares, RAGT Semences a souhaité mettre en avant ses variétés en colza Cadran et Quizz, lancées en 2019 et tolérantes à la virose TuYV. Le semencier mettait également l’accent sur sa variété CEPP Troubadour, comme méthode alternative de contrôle des méligèthes. « Nous devons trouver des solutions génétiques pour faire face à la problématique liée à l’utilisation des produits phytosanitaires », réagit Philippe Charon, chef produit expert Colza. En blé tendre, huit variétés sont en cours d’inscription, du précoce au semis tardif. « L’enjeu est de répondre à la demande de nouveautés », explique Sophie Rousseau, chef de marché Centre-Normandie.
Secobra Recherches - S’étendre vers d’autres horizons
Insistant sur son statut « d’obtenteur historique d’orge d’hiver brassicole », Secobra Recherche présente sa variété d’orge d’hiver 6 rangs Coccinel. « Elle n’a pas été retenue par le CBMO mais nous considérons que c’est la plus productive face à la JNO », explique Florent Cornut, directeur du développement chez Secobra Recherches. Le groupe réfléchit également à développer une variété biscuitière, mais aussi à se lancer dans les Cives pour la méthanisation. « C’est encore anecdotique, mais nous avons la volonté de développer ces débouchés », indique Florent Cornut. Enfin, le semencier ne cache pas ses ambitions en matière d’agriculture biologique. Deux nouvelles variétés de blé AB ont été inscrites et deux autres sont en essais officiels.
Sem Partners - Créer de nouveaux débouchés
Soulignant la concurrence croissante représentée par les pays du bassin de la mer Noire, Olivier Leblanc, directeur opérationnel chez Sem Partners, explique la volonté de sa structure de « mettre l’accent sur la diversité des espèces proposées et la création de nouveaux débouchés ». Le semencier s’est ainsi tourné vers la production de biomasse, qui représente aujourd’hui 15 % de l’activité du groupe. Le fourrage et la méthanisation sont les deux piliers de cette stratégie. « Nous sommes les premiers sur le marché à proposer du seigle à biomasse. Quant à la méthanisation, cela nous permet de compenser les baisses de ventes sur les cultures principales », indique Olivier Leblanc.
Syngenta - Des orges hybrides pour réduire les fongicides
Répondre aux inquiétudes des agriculteurs quant aux capacités de rendement des orges hybrides, voilà la mission que s’étaient confiés les représentants de Syngenta sur leur stand. Trois nouvelles variétés étaient ainsi présentées. « Nous voulons faire comprendre que les orges hybrides peuvent réduire le premier passage de fongicides. Ce qui permet des économies financières tout en répondant aux attentes sociétales. Cela peut être un outil en plus de la chimie et de la mécanisation pour limiter la pression des adventices », explique Olivier Borde, expert technique national Syngenta France.