Bayer-Monsanto, le prototype de l’agro-fournisseur de demain
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Le 14 septembre, Bayer et Monsanto ont annoncé avoir signé un accord de fusion définitif. Les deux agrochimistes espèrent voir l'opération finalisée d'ici à fin 2017. En achetant Monsanto, pour 66 milliards de dollars, Bayer s'offre des portefeuilles complémentaires aux siens. Si cette fusion obtient le feu vert des diverses autorités de la concurrence, se créera alors la multinationale la plus complète, capable d'offrir des solutions intégrées à l'agriculteur : semences, biotechnologies, produits de protection des plantes dont biocontrôle, technologies de précision, solutions logicielles, suivi météo personnalisé, assurances climatiques… Le prototype de l'agro-fournisseur de demain ?
Bayer, qui visait une progression de son activité semences et qui annonçait, le 7 septembre 2016, lors de sa conférence mondiale, miser sur l'innovation et le numérique, ne pouvait pas mieux trouver. Monsanto, multinationale pionnière en matière de biotechnologies végétales, ne cesse d'investir dans le numérique et l'agriculture de précision depuis son acquisition, fin 2013, de Climate Corporation.
Stimulateur d'innovations ?
Difficile, aujourd'hui, d'évaluer l'impact sur le marché d'offres combinées ou non émanant d'une gigantesque multinationale. Les ventes pro forma de la combinaison des activités agricoles de Bayer et Monsanto s'élevaient à 23 milliards d'euros en 2015. Ainsi, Monsanto-Bayer deviendrait leader, devant ChemChina-Syngenta et Dow Chemical-DuPont, dont les fusions sont également étudiées par les autorités de la concurrence (voir graphique).
Les détracteurs de telles concentrations d'industries craignent une baisse de la concurrence, engendrant une réduction de l'innovation et une hausse des prix des intrants. D'autres analystes, au contraire, estiment que seules de puissantes multinationales demeurent en capacité d'investir suffisamment pour innover et apporter de nouveaux produits sur le marché. Le budget annuel pro forma de R&D de Bayer-Monsanto s'élève à 2,5 milliards d'euros.
Une concentration jamais connue
Selon les données de 2015 compilées par l'agence Bloomberg, les entreprises créées par les fusions Syngenta-ChemChina et Bayer-Monsanto contrôleraient plus de la moitié des produits phytos. Et selon la société de conseil américaine Verdant Partners, Dow-DuPont et Monsanto contrôleraient quant à eux près des trois quarts du marché américain des semences de maïs et 65 % de celles de soja.
Réactions mitigées en France
Côté fournisseurs phytos ou semences sur le marché français, le sentiment est que la donne ne devrait pas fondamentalement changer au niveau de l'offre, les gammes des deux sociétés étant complémentaires. « Nous sommes déjà partenaires et le resterons, souligne Laurent Martel, directeur général d'InVivo Agriculture. Ce type de fusion peut en fait créer des opportunités en délaissant certains marchés jugés de niche, mais qui sont susceptibles d'intéresser d'autres structures. » Et un fournisseur d'espérer que « les distributeurs iront peut-être davantage vers les petites sociétés, pour challenger les gros ».