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Bilan 2015 Unaf : récolte de miel satisfaisante et poursuite du combat contre les néonicotinoïdes

Le | Agrofournisseurs

La récolte 2015 en miel s’annonce bonne, en raison de conditions climatiques satisfaisantes. La hausse de la production ne signifie pas pour autant le retour à une pleine production. Lors de sa conférence de presse annuelle qui s’est tenue le 10 mars à Paris, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) est revenue sur les dossiers juridiques qui l’opposent aux sociétés phytosanitaires. Le syndicat s’est aussi prononcé contre le classement du frelon asiatique en catégorie 1 pour éviter la lutte chimique obligatoire.

La récolte 2015, « satisfaisante »

En 2015, 15 000 à 17 000 tonnes de miel ont été récoltées, ce qui représente une augmentation de 50 % à 70 % par rapport aux 10 000 tonnes de 2014. Cette hausse est due aux conditions climatiques favorables, et à la bonne récolte du miel de miellat (produit à partir de la sève de végétaux sans fleur). « On reste loin des 32 000 tonnes de 1995, la Mortalité des abeilles reste à 30 % », regrette Henri Clément, porte-parole de l’Unaf. En 2015, la France a importé 28 000 tonnes de miel, contre 30 000 tonnes en 2014, et 6 000 tonnes en 1995.

Bras de fer autour des néonicotinoïdes

Jean François Funke, avocat de l’Unaf est revenu sur les dossiers juridiques traités en 2015 liés aux néonicotinoïdes. Le 30 juin dernier, le tribunal administratif de Versailles a prononcé l’annulation des autorisations de mise sur le marché du Cruiser 350 et du Cruiser OSR, deux insecticides de la société Syngenta. Le tribunal a considéré que la méthode d’évaluation du risque requise par l’Anses n’est pas conforme à celle qu’exige la réglementation. L’insecticide Proteus de Bayer, un autre insecticide à base de néonicotinoïde (thiaclopride et deltamétrine) a également fait l’objet d’une décision de justice. Le 10 novembre 2015, le tribunal administratif de Lyon a annulé la décision par laquelle le ministre de l’Agriculture avait refusé aux apiculteurs d’abroger l’autorisation de mise sur le marché pour le colza. Le ministre de l’agriculture a 18 mois à compter de cette date pour réexaminer la demande d’abrogation.

« Il faut que les élus fassent preuve de courage »

De son côté, la Commission européenne avait partiellement suspendu l’autorisation d’utilisation de trois néonicotinoïdes (imidaclopride, clothianidine et thiaméthoxame) en 2013. Les industries avaient deux ans pour fournir les données manquantes au dossier. La réévaluation a débuté en 2015, et la première partie  a été publiée le 26 août 2015. L’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) confirme que l’application de néonicotinoïdes sous forme de pulvérisation foliaire présente un risque pour les abeilles. La deuxième partie de l’évaluation, qui concerne le risque des traitements des semences et du sol (sous forme de granulés), sera publiée en janvier 2017, et accompagnée de la décision de la Commission. « Aujourd’hui, tout le monde est conscient de la toxicité de ces produits, de nombreuses études le démontrent. Il faut maintenant que les élus fassent preuve de courage », déclare Gilles Lanio, président de l’Unaf.

« Un produit sort par la fenêtre, un autre rentre par la porte »

En 2015, deux nouvelles molécules ont été autorisées par la Commission européenne : le sulfoxaflor, produit par Dow Agrosciences (le 27 juillet) et la flupyradifurone, insecticide de Bayer (le 9 octobre). « Il y a un produit qui sort par la fenêtre et un autre qui rentre par la porte. L’Europe a un comportement schizophrène », regrette Henri Clément, porte-parole de l’Unaf. Dow affirme que sa molécule n’est pas un néonicotinoïde, mais pour l’Unaf, elle représente le même danger. « Même si sa structure est légèrement différente, elle agit sur les mêmes récepteurs » affirme Noa Simon-Delso, conseiller technique et scientifique de Bee Life. La flupyradifurone, de la famille des néonicotinoïdes, a quant à elle été autorisée pour les laitues et le houblon, mais l’Unaf regrette des « failles dans la conception des études qui empêchent de tirer des conclusions sur la sécurité du produit. »

Plan de lutte contre le frelon asiatique

En 2015, le syndicat des apiculteurs du Morbihan a mis en place un plan de lutte efficace contre le frelon asiatique. De nombreuses réunions d’information pour les élus et la population ont été organisées par le comité de pilotage, et une campagne de piégeage lancée à l’échelle du département. « Le bilan est très positif : environ 80 000 reines ont été capturées », explique  Gilles Lanio, président du syndicat. L’opération a été financée pour moitié par le conseil départemental, les communes payant tout ou partie du restant. Le syndicat a annoncé continuer cette lutte en 2016, tout en affinant sa méthode. Le projet pourrait s’étendre à d’autres départements. En 2015, l’Unaf préconisait le classement du frelon asiatique en danger sanitaire de première catégorie, mais Gilles Lanio estime finalement que « ce serait inciter le ministère de l’Agriculture à utiliser des pièges empoisonnés, dangereux pour les abeilles. » La demande n’a pas été officiellement retirée, mais Gilles Lanio affirme qu’ « il n’y a de toute façon pas d’avancée sur le dossier. »

Bee friendly, le label européen en faveur des abeilles

Bee Friendly, label européen favorisant les pratiques respectueuses des abeilles et des pollinisateurs a vu ses premiers produits commercialisés en 2015. En France, deux vins  inaugurent ce label, officiellement lancé en 2014. Trois autres domaines se sont lancés dans l’aventure en 2015, portant à cinq le nombre de vins désormais labellisés. 120 hectares sont concernés en France. Le cahier des charges, défini avec des spécialistes de l’Inra, concerne également les fruits et légumes, et les produits laitiers. En Allemagne par exemple, du lait et du beurre « Bee Friendly » sont déjà commercialisés.