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Bio-ressources : gros potentiel, à soutenir

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Un chiffre d’affaires en Europe de 28 milliards d’euros en 2010 ; un objectif de 51 milliards à échéance 2020… Le potentiel de développement des produits bio-sourcés - entendez issus de matières premières végétales - explique très largement la présence de près de 400 professionnels lors du premier congrès européen sur la Chimie du Végétal, qui s’est tenu du 5 au 7 septembre, à Paris.

Les progressions les plus remarquables sont attendues sur des segments comme les plastiques biodégradables, issus de la transformation de l’amidon : un marché de 150 000 tonnes actuellement dans l’union européenne ; un potentiel de 2 millions de tonnes en 2020. La chimie, qui utilise actuellement entre 5 et 8 % de matières premières végétales, et s’est fixée un objectif de 15 %, s’oriente vers les produits à haute valeur ajoutée, qui permettent d’absorber le surcoût des matières premières agricoles par rapport au pétrole. Les ambitions de développement affichées lors de ce congrès sont toutefois conditionnées par les soutiens financiers et politiques de l’Union européenne et des États. Les principaux facteurs limitants résident aujourd’hui aux stades Recherche et développement et fabrication industrielle. C.D.

Photo : Myriam Driessen, en charge du changement climatique et de la biomasse à la DG Agri. Les fonds du développement rural peuvent être sollicités.

Message largement porté par les intervenants à ce colloque : l’innovation ne vaut pas que pour les débouchés ou les process industriels, mais aussi pour les partenariats (entre public et privé, mais aussi sur des modalités nouvelles et pour les financements (marchés publics verts, indicateurs de bio-ressource). Les fonds de soutien en jeu sont considérables : 4,5 milliards d’euros via le programme Lead market Initiative, actuellement en discussion au Parlement européen pour la phase 2014-2020. Les produits bio-sourcés sont l’un des six marchés stratégiques qu’a décidé de pousser l’UE.

La question de la durabilité, qui concerne au premier chef les producteurs de matières premières, n’a pas été éludée. Le transfert d’usage des terres a un double impact : sur la production alimentaire d’une part et sur les émissions de carbone d’autre part. L’acceptabilité de ces nouveaux débouchés par les consommateurs est considérée comme essentielle par la filière, qui entend à la fois expliquer ce qu’elle fait et se prémunir des critiques par des indicateurs clairs et non discutables. L’utilisation des déchets verts ou des co-produits s’inscrit d’autant mieux dans les critères de durabilité.

La filière agricole, essentiellement représentée par les sociétés agroindustrielles (Chamtor, Roquette, Tereos, pôle IAR, Sofiproteol, Unigrains, Soufflet, Passion Céréales), comme les industriels ont un intérêt partagé à concilier sécurité des approvisionnements et protection face aux fluctuations du marché. Des problématiques auxquelles sont aujourd’hui confrontés les marchés des biocarburants, avec une déconnexion entre les logiques de marchés des matières premières agricoles et celui de l’énergie fossile.

Repères :

- Les produits chimiques proviennent à 60 % des ressources fossiles, 32 à 35 % d’éléments naturels (eau, air, ressources minérales) et entre 5 et 8 % de matières premières végétales. La chimie française s’est fixée un objectif de 15 % de ressources d’origine végétale d’ici à 2017.

- Le développement potentiel des principaux marchés dans l’Union européenne, selon Francesco Degli Innocenti, Novament (Italie) :

Bio-plastiques : 260 000 t en 2010 ; 769 000 t sans politique de soutien spécifique de l’UE, 2 555 000 t avec soutien, en 2020.

Bio-lubrifiants : 137 000 t en 2010 ; 277 000 t à 420 OOO t en 2020, selon soutien ou non de l’UE

Bio-composites : non significatif pour l’heure ; de 315 000 t à 830 000 t en 2020, selon soutien ou non de l’UE.