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Biocontrôle : les grands groupes s’y intéressent, la distribution les teste et le ministre promet un coup de pouce

Le | Agrofournisseurs

« L'enjeu est d'accompagner les entreprises du biocontrôle et d'éviter les grippages du système », a indiqué Stéphane Le Foll, lors de la journée de travail sur le biocontrôle, organisée par le ministère de l'Agriculture le 22 avril à la Cité des sciences à Paris. Les professionnels ont fait savoir à Stéphane le Foll qu'ils attendaient un coup de pouce, notamment sur les aspects financier et réglementaire. Créant 1500 emplois directs et 4000 emplois indirects, le biocontrôle a représenté 5 % du marché phytosanitaire en 2013, avec une croissance de 15 à 20 % par an. « Nous voulons atteindre 15 % du marché d'ici à 2020 », explique Jean-Pierre Princen, président d'IBMA, l'association française des producteurs de produits de biocontrôle. Avec 20 % de parts de marché, la France se positionne à la deuxième place dans l'Union européenne, derrière l'Espagne (31 %). Si historiquement, le secteur était formé par des PME très spécialisées, implantées localement, de plus en plus de grands groupes s'y intéressent, portés par de meilleures efficacités de produits et une législation plus favorable.


Pourtant, « la réglementation évolue mais ça ne va pas assez vite », reconnait Emmanuelle Soubeyran, en charge du plan Ecophyto à la DGAL. Entrant majoritairement dans le règlement européen sur les pesticides, CE 1107/2009, les procédures ont toutefois été assouplies pour ces solutions plus naturelles. Les macro-organismes d'origine non indigènes relèvent d'un régime national : 400 demandes sont actuellement en cours d'évaluation à l'Anses, qui devrait rendre publique une nouvelle liste de macro-organismes autorisés en juin. Par ailleurs, 13 dossiers ont été déposés en tant que substances de base au niveau de l'Union européenne, dont neuf par la France. A côté des substances à faible risque (non classées, non persistantes, avec une faible bioconcentration, ne faisant pas partie des perturbateurs endocriniens), dont aucune n'est approuvée à l'heure actuelle, les substances de base sont connues pour d'autres usages que ceux liés à la lutte contre les ravageurs et maladies. Il s'agit par exemple du sucre, du vinaigre, de la badiane, de la prêle ou encore de l'ortie. A ce jour, deux substances actives ont été approuvées en tant que substance de base : l'hydrochlorure de chitosane (fongicide et bactéricide) et Equisetum arvense L. (prêle, fongicide). La Commission a listé 47 substances de base potentielles.


La distribution teste en grandeur nature

Les professionnels ont également insisté sur la nécessité d'être soutenus en matière de recherche et développement afin de mettre au point des produits plus efficaces et définir au mieux les conditions d'utilisation.  Dans ce cadre, InVivo, Agridis et KRYSOP vont mettre en place des expérimentations grandeur nature sur les produits de biocontrôle pour valider les protocoles techniques, comprendre les leviers et les freins auprès des conseillers et agriculteurs, et vulgariser ces solutions agro-écologiques.


250 personnes représentants plus de 120 entreprises ont participé à la journée de travail sur le biocontrôle.