Référence agro

Biodiversité : Agrifaune présente les résultats de deux expérimentations en bord de champ

Le | Agrofournisseurs

Quels impacts sur la biodiversité d’une limitation des herbicides sur la bordure intérieure d’une culture ? Et ceux d’un décalage du broyage sur les abords de parcelles ? Après quatre années d’expérimentation, le réseau Agrifaune* a présenté, le 11 avril à Orléans, un bilan technique sur les possibilités de concilier agronomie et biodiversité des bordures de champs en plaine céréalière. La première expérimentation porte sur la bordure « intérieure » de la parcelle, dans la mesure où elle concerne les premiers mètres de cultures. L’idée était de ne pas traiter cette zone avec les herbicides anti-dicotylédones, sur des cultures de colza et de céréales d’hiver. Ce dispositif a favorisé l’abondance des arthropodes rampants, et particulièrement les araignées, carabes et staphylins. En revanche, la flore adventice est également bénéficiaire de cette mesure, et il a été relevé plus de quatre cents pieds au mètre carré. « On note que cette prolifération s’est cantonnée à la zone non-traitée, il n’y a pas eu de dissémination significative dans le reste de la parcelle », remarque Sébastien Baron, chargé de mission à la Chambre d’agriculture du Loiret. Reste que le non-traitement des bords de champ entraîne des pertes de rendement sur cette zone de 17 qx/ha. Même en comptant l’économie des intrants, les pertes économiques s’élèveraient à 223 €/ha, «  difficilement acceptables sur le terrain », reconnait Sébastien Baron. Agrifaune a donc redirigé ses recherches en bordure de champ vers de nouveaux protocoles depuis 2013, en réalisant par exemple des semis de légumineuses sous couvert. La période de broyage des extérieurs de champ, une influence sur les pollinisateurs Cette expérimentation concerne la bordure « extérieure » des cultures, soit les abords directs des parcelles. Cette zone végétale non-cultivée a été broyée, pour l’expérimentation, à trois périodes : avril, juin, septembre. Résultat : broyés en avril ou septembre, les bords de champs gagnent en richesse floristique, avec une flore plus « patrimoniale » (propre à la région) par rapport à juin. En conséquence, la diversité des insectes floricoles et leur abondance augmentent également suite à un broyage en juin ou septembre. « Les résultats mettent en évidence que la flore adventice développée en bord de champ n’a aucun impact sur les cultures adjacentes, il n’y a pas de dissémination », développe Caroline Le Bris, chargée d’étude chez Hommes et Territoires. Le décalage du broyage en juin ou septembre des bordures extérieures des parcelles est donc une piste intéressante, vu son effet positif sur les pollinisateurs et son aspect non-impactant sur les cultures elles-mêmes. * Agrifaune est un réseau issu d’une convention entre l’Office nationale de la chasse et de la faune sauvage ONCFS, la FNSEA, la Fédération Nationale des Chasseurs et l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture.