Bruxelles veut une Pac plus « verte »
Le | Agrofournisseurs
Les contours de la future Politique agricole commune (Pac) ont été présentés le 18 novembre par la Commission européenne. Principale mesure avancée, Bruxelles lie le versement de subventions publiques à des efforts de protection de l’environnement de la part des agriculteurs. « L’agriculture européenne ne doit pas seulement être compétitive sur le plan économique mais également sur le plan environnemental », explique dans un communiqué le commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos. Mais la proposition de l’exécutif communautaire ne dit rien sur la question du budget qui sera consacré à cette politique « environnementale ». Les gouvernements européens auront l’occasion de se prononcer sur ces pistes de réformes le 29 novembre à l’occasion d’une réunion des ministres européens de l’Agriculture, mais aucune position finale ne devrait être arrêtée dans les 27 capitales avant début 2011. J.P.
Dans son rapport, la Commission suggère plusieurs éléments clés pour redonner de la compétitivité à l’agriculture européenne. D’abord, distribuer de façon plus « équitable » les paiements directs. Ensuite, renforcer les efforts en matière d’innovation et de lutte contre le changement climatique. Enfin, améliorer la transparence de la chaîne alimentaire. Le document présenté par Dacian Ciolos consacre une idée défendue par la France à laquelle se sont ralliés une majorité des Vingt-sept Etats Membres. L’idée est de conserver des instruments de gestion des marchés afin de disposer d’un « filet de sécurité » face à la volatilité des prix. Les services de la Commission estiment par ailleurs que les aides reçues par les nouveaux Etats membres de l’Union européenne devraient être progressivement réalignées sur celles touchées par les membres « historiques » de l’UE. Celles-ci varient à l’heure actuelle de 500 euros par hectare en Grèce à 100 euros par hectare en Lettonie.
Les premières réactions
Les réactions à la communication de l’exécutif communautaire n’ont pas tardé. De façon générale, les syndicats agricoles majoritaires estiment que ce recentrage vers les objectifs environnementaux pourrait mettre en péril la production alimentaire européenne en faisant bondir les coûts de production des agriculteurs. « La volatilité des prix augmente et le changement climatique remet en question notre habilité à répondre aux besoins alimentaires mondiaux. Pourtant, la seule proposition concrète de la Commission est d’ajouter un nouveau fardeau en terme de coûts à celui déjà supporté par les agriculteurs », a regretté Padraig Walshe, président du syndicat européen Copa. Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA a souligné pour sa part le « flou » autour du verdissement de la Pac : « le verdissement ne doit pas se traduire par plus d’administration pour les paysans ».
« La principale interrogation porte sur le cadre budgétaire, a déclaré Guy Vasseur, président des Chambres d’agriculture. Une PAC forte suppose un budget à la hauteur ». Le budget présente à l’heure actuelle plus de 55 milliards d’euros par an et près de 40 % du budget communautaire.
Quant à l’eurodéputé vert José Bové, il a appelé les ministres de l’Agriculture à « arrêter de taper frénétiquement sur leurs calculettes ». « Soit on continue comme avant avec les dégâts sociaux et écologiques qu’on connait, soit on réoriente la Pac en maintenant des paysans nombreux sur tous les territoires avec un revenu issu de leur travail et une préservation des sols, de l’eau et de la biodiversité », a-t-il réaffirmé.