Céréales françaises : la concurrence à l’export reste très rude
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Le 20 mars, des débats organisés par France Export céréales ont permis de témoigner de la fragilité de notre capital exportable de céréales après un début de campagne d’export difficile pour le blé tendre français. Le Maroc s’est par exemple détourné de nos blés pour préférer de l’Ukrainien moins cher de 10 à 25 $/t. Le blé français ne représentait plus que 34,7 % des importations marocaines fin décembre 2012, contre 49 à 68 % les années précédentes. De plus, les analyses menées sur le blé ukrainien ont montré qu’il était exceptionnellement doté de meilleures propriétés technologiques, d’un meilleur taux de protéines et d’un plus faible taux d’humidité que le blé français et qu’il était exempt de punaises à la récolte. Si la France a aujourd’hui rattrapé son retard avec des expéditions de blé tendre en hausse par rapport à l’année dernière à la même période, la zone mer Noire continue d’inquiéter les acteurs du marché. M.T.
Photo : François Gatel, directeur de France export céréales, lors de la matinée d’information et d’échanges de cette organisation le 20 mars à Paris.
Pour beaucoup, si ces pays parvenaient à avoir des rendements réguliers et corrects et à se débarrasser durablement de leurs problèmes de punaises, la Russie et l’Ukraine pourraient devenir de sévères compétiteurs du marché français dans les pays du Nord de l’Afrique. Les blés argentins risquent aussi d’être des concurrents sérieux car ils sont riches en protéines et en gluten : deux critères qui intéressent particulièrement les pays d’Afrique subsaharienne qui ont besoin de pouvoir fabriquer une pâte très élastique. La baisse du fret a également contribué à rendre les blés argentins plus accessibles.
Ils l’ont dit
Christian Cordonnier, directeur général de Terre Atlantique (17)
« La France a parfois tendance à oublier qu’elle doit être dans une logique d’exportation. Pour les agriculteurs, il n’y a pas assez d’incitations à produire des blés à forte teneur en protéines, ce qui est d’autant plus difficile que les normes environnementales concernant la fertilisation azotée se durcissent ».
Roland Guiragossian, responsable du bureau de France Export Céréales au Caire.
« L’Irak, l’Iran, l’Arabie Saoudite et même la Lybie ont des spécifications relativement strictes, notamment sur le taux de gluten, qui peuvent être de véritables barrières à la pénétration du blé français. En Irak et en Arabie Saoudite le taux de protéines est aussi un facteur important, de même que le taux d’humidité requis, qui est très inférieur à celui du blé français. »