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Changement climatique et culture de la vigne : des interactions à surveiller

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La COP21 a été l'occasion de décortiquer le lien entre agriculture et changement climatique. BASF et le groupe Institut coopératif du vin (ICF) organisaient, le 17 février, une conférence sur cette thématique. Vincent Jacus, responsable bonnes pratiques phytosanitaires au sein de la firme phyto, rappelle ainsi que les cycles des vignes ont évolué, avec des décalages de 20 jours pour la floraison et de trois semaines pour les vendanges. Les pathogènes et ravageurs s'adaptent également.

Géographiquement, d'une part. La cicadelle dorée, vecteur de la flavescence dorée, a ainsi été détectée dans 65 % des vignobles en 2014, contre environ 30 % en 2006. Mais également physiologiquement. Dans les années 90, deux à trois générations du ver eudémis, facilitateur de la pourriture grise, menaçaient les vignes dans le sud, contre trois à quatre aujourd'hui. Le black rot réunit les deux dimensions du péril : auparavant limité à la façade atlantique, il a, en 2015, surpris les viticulteurs de pratiquement toutes les zones de production. La maladie a ainsi touché le sud-est et le Beaujolais, où il était rare, mais aussi en Champagne ou en Alsace, où il était totalement méconnu. BASF Agro recommande la vigilance du débourrement à la veraison et rappelle les conditions favorables à la maturité des périthèces du champignon : une température de 9 °C et une humidité relative de 90 % pendant 6 heures suffisent pour permettre une contamination des premiers organes verts. Les feuilles sont menacées quand elles sont encore jeunes mais constituent un réservoir potentiel à l'infection pour les grappes. BASF Agro prône ainsi, au-delà des mesures prophylactiques, une protection préventive, « rigoureuse et continue », à programmer avec les conseillers viticoles, afin de définir au plus sûr l'état des périthèces.


Problèmes de rendement… et de qualité des vins

Les deux principales maladies de la vigne, oïdium et mildiou gagnent également du terrain. « Historiquement plus présentes dans le septentrion, elles ont été la cible de traitements de plus en plus réguliers sur la période 2009-13 en Champagne (+11 %) et Bourgogne (+13 %) », précise Eric Chantelot, de l'Institut de la vigne et du vin. Outre l'impact rendement, faire face à ces menaces est également important pour la qualité des vins. Jacques Rousseau, de l'ICV, confirme : « Arômes, pH, stabilité des vins… sont des facteurs qui peuvent être influencés par les pathogènes, parfois de manière irréversible. L'action doit se situer au champ : dans la cave, il est trop tard pour intervenir. »


Jean-Marie Sermier, député-maire de Dôle (Jura) et vice-président de la commission du développement durable, est venu témoigner de la prise de conscience des pouvoirs publics sur le sujet « climat-vigne », et a mis en avant la nécessité d'un effort important en la matière, aussi bien dans la recherche publique que la recherche privée.