Colloque IBMA : booster les solutions et accélérer la recherche
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La vague est partie, le biocontrôle est l’une des réponses pour réduire les usages de produits phytosanitaires de 50 % à l’horizon 2025. À condition de créer un cadre stable et attractif pour la recherche française, de créer une réglementation européenne et de ne pas taxer ces produits, via la Redevance pour pollutions diffuses. Plaidoyer lors du colloque IBMA, organisé le 29 janvier, et diffusé en simultané dans huit villes.
Le cap est fixé par IBMA pour déployer le biocontrôle en France : tripler les parts de marché pour atteindre 15 % en 2025. Pourquoi ce niveau ? « Parce qu’à partir de 15 %, nous sommes audibles sur le marché et pour les investisseurs », commente Antoine Meyer, président de l’association des entreprises de produits de biocontrôle intervenant en France, lors du colloque organisé à Paris le 19 janvier. Et les moyens ? IBMA demande, notamment, plus de soutien pour développer la recherche sur le territoire français. « Où s’effectue la recherche privée sur le biocontrôle ?, interpelle Antoine Meyer. Dans le reste du monde, surtout en Californie et en Inde, trop peu en France. »
Crédit d’impôt recherche de 60 % pour innover en France
Les adhérents d’IBMA ont fait les comptes : « Si nous avions un crédit d’impôt recherche avec un taux majoré à 60 % sur dix ans contre 30 % actuellement, nous pourrions ouvrir les laboratoires, attirer les chercheurs et accélérer le processus d’innovation. Les investissements R&D passeraient de 17 M€ à près de 100 M€/an ». Une telle proposition avait été présentée par Jean-Baptiste Moreau lors de l’examen de la loi Agriculture et Alimentation, les parlementaires avaient rejeté la mesure. Patrick Dehaumont, directeur de la DGAL, s’est dit favorable à cette proposition d’IBMA : « Un sujet dont on doit débattre prochainement ». Mais il estime que sa mise en œuvre rencontre « quelques difficultés ». Le mécanisme n’est pas inscrit à la loi de finances. La période de 10 ans souhaitée correspond au temps nécessaire de la recherche, donnant un cadre stable pour investir. La stratégie nationale sur le biocontrôle doit aussi favoriser l’installation des forces vives de la recherche privée en France. Et le gouvernement soutient l’inscription des produits de biocontrôle dans les cahiers des charges européens. Une façon de mettre sur la table des discussions le vide réglementaire au niveau de l’Europe.
Urgence réglementaire
Car pour progresser, ce frein est à desserrer. La France est le seul pays européen à s’être doté d’une définition réglementaire sur les produits de biocontrôle. Pour IBMA, la classification européenne de ces produits et l’harmonisation sont urgentes. « Nous tiendrions le même langage et cela permettrait au sein de l’Europe d’activer le processus de reconnaissance mutuelle », explique Antoine Meyer. Patrick Dehaumont complète : « La nouvelle Commission devrait s’emparer du dossier. Nous le poussons ».
Antoine Meyer pointe aussi du doigt la Redevance pour pollution diffuses (RPD) qui s’applique au biocontrôle comme au conventionnel. D’autant que le prix de ces produits est l’un des freins avancés par les agriculteurs à leur utilisation dans une enquête d’IBMA. « Double peine pour nos solutions, appuie-t-il. Nous avons déjà à passer les tests liés aux critères d’exclusions et aux critères toxicologiques. Nous ne rejetons pas par exemple la taxe sur la pharmacovigilance, mais nous voulons de la cohérence. »
IBMA, ce sont 41 entreprises qui réalisent 90 % du marché du biocontrôle en France.