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Colloque santé et pesticides : plus d’études nécessaires en Europe

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Le colloque « pesticides et santé » organisé au Sénat donnait la parole le 23 mars aux chercheurs français en charge des différentes études sur ce thème. L’essentiel de certaines interventions. Cécile Chevrier, chercheur à l’Inserm a présenté le 23 mars, lors du colloque « Pesticides et santé » organisé au Sénat par Générations Futures, l’étude relative à l’exposition aux pesticides de femmes enceintes dans la cohorte française Pélagie. Les analyses ont porté sur les urines et les prélèvements de cordon ombilical de 3500 femmes de la région Bretagne de 2002 à 2006. Les sources d’exposition étaient multiples : milieu professionnel, proximité de zones agricoles, usages à domicile… Un monitoring a aussi été effectué sur les poussières présentes dans les habitations. Les résultats révèlent des traces dans la majorité des urines et dans le sang du cordon. En moyenne, sept molécules ont été décelées dans les urines, avec une part de 6 % à 30 % d’herbicides maïs, de 2 à 40 % d’organophosporés, avec parfois des molécules interdites (triazine, organochlorés, …) car persistantes dans le milieu. Par ailleurs, 80 % des urines contenaient un dérivé des organophosphorés. Les niveaux de pesticides mesurés dans l’étude Pélagie sont cependant inférieurs à ceux mesurés chez des femmes enceintes aux Etats-Unis en zone agricole (Californie). Si les résultats se révèlent néanmoins contrastés, ils doivent être approfondis, notamment avec le suivi plus ciblé des femmes d’agriculteurs. Les études à disposition étant limitées. Le docteur Sylvaine Cordier, directrice de recherche à l’Inserm, a d’ailleurs livré une synthèse des connaissances sur l’impact des expositions aux pesticides notamment sur le développement de l’enfant. Elle a souligné qu’il fallait distinguer les pesticides persistants, dont la plupart ne sont plus sur le marché en France, à ceux utilisés récemment. Se référant à plusieurs études américaines, elle relève des présomptions selon lesquelles l’exposition in utero au DDE (metabolite du DDT) ou HCB (Hexachlorobenzène) molécules interdites en France, aurait un impact sur la croissance de l’enfant et le développement de l’obésité. De même une diminution de la croissance fœtale est notée en cas d’exposition aux orgaphosphorés et aux triazines. Les effets les plus étudiés avec des résultats estimés concordants sont les atteintes au neurodéveloppement de l’enfant en lien avec des expositions aux organophosphorés à travers des usages domestiques fréquents d’insecticides. Ces observations ont été reliées en raison de la détection de ces molécules dans les urines de la mère pendant sa grossesse. Toutefois, selon Sylviane Cordier, ces résultats sont à moduler avec les susceptibilités génétiques et la plupart de ces études ont été menées sur des populations à faibles revenus  de la ville de New York, « soumises à d’autres expositions environnementales ». Elle souligne néanmoins, qu’aucune étude n’ a été réalisée sur les conséquences de l’exposition à domicile aux pesticides récents sur la croissance de l’enfant. Autre intervention : celle de Ghislaine Bouvier, de l’Université de Bordeaux. Elle a étudié de la mi-juin à la mi-août 2010 dans le cadre de PhytoRIV, l’exposition aux pesticides des riverains de deux communes d’Aquitaine. L’une, Rauzan, en zone viticole, l’autre Saint-Symphorien située au cœur des Landes. Ainsi, 40 pesticides ont été recherchés sur 8 semaines (soit 8 mesures) au sein de 366 foyers  volontaires. Neuf molécules ont été quantifiées et notées plus régulièrement sur Rauzan. Il s’agit du folpel (24,4 microgrammes/m3 en moyenne), du chlorothalonil (0,29 µg/m3), du cyprodinil… Une seconde étude, Aires, a été réalisée en 2011 sur les groupes scolaires des communes viticoles de Gironde : Saint-Emilion, Saint-Estèphe, Saint-Gervais et Saint-Sulpice-de-Favières. Elle s’est centrée sur l’exposition aux pesticides et l’éventuel lien avec des troubles respiratoires et allergiques des enfants. L’exploitation des résultats est en cours.