Contractualisation, c’est pas gagné !
Le | Agrofournisseurs
La contractualisation ne fera pas une percée magique sur le terrain, résolvant d’un coup d’un seul les déséquilibres dans les rapports de force entre les différents maillons des filières. Le message était clairement porté par les congressistes de la Confédération paysanne, qui ont remis le 13 avril au ministre de l’Agriculture 300 propositions de contrats qualifiés d’inacceptables. La nomination par le ministère d’un médiateur cette semaine illustre les difficultés concrètes attendues. Pour autant, Coop de France veut croire en cet engagement volontaire, qui pourrait, de son point de vue, toucher 25 à 30 % des exploitants. Les branches élevage, nutrition animale et céréales l’ont fait savoir le 14 avril, lors d’une conférence de presse. Les coopératives misent sur les contrats, dont toute une panoplie existe déjà sans être très utilisée. Elles ne les considèrent toutefois pas « comme une fin en soi », mais comme des outils pour limiter l’impact de la volatilité pour « notamment le maillon le plus faible de la filière, les producteurs ». C.D.
Photo : Conférence de presse de Coop De France, le 13 avril : les contrats ne sont pas une fin en soi.
L’intensité de la volatilité des prix des matières premières pourrait convaincre les éleveurs et fabricants d’aliments de développer des relations contractuelles. « L’idée fait son chemin », estime Jean-Luc Cade, président de Coop de France-Nutrition animale, pour qui les freins sont avant tout culturels. D’autres moyens doivent être activés, tels les indicateurs de prix des matières premières qui pourront, si la grande distribution le veut bien, servir dans les négociations. Mais ils n’auront d’intérêt que si les éleveurs disposent aussi d’une visibilité sur leurs prix de vente. La présentation, le 13 avril, sur le Marché du porc breton d’un projet de marché à livraison différée est en ce sens significative.
Reste que ce type d’outils ne doit pas masquer un autre moyen, plus tangible, de limiter les fortes fluctuations des cours. La constitution de stocks de céréales s’avère au final moins coûteuse (10 euros/t/an) que les options liées aux assurances sur les contrats à terme (30 euros/t/an). « Encore faut-il disposer d’assez de capacités de stockage. Il y a urgence à mettre en place le plan silo », a souligné Hubert Grallet, président de Coop de France-Métiers des grains.