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Appro, les agriculteurs français ont plutôt bien géré la crise Covid-19

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Interrogés par la société d’études de marché spécialisée en agriculture Kynetec, des agriculteurs de six pays livrent leur ressenti sur la crise de la Covid-19. Globalement, la France s’en sort bien. Si les exploitants français ont rencontré des difficultés pour disposer de main d’œuvre, les approvisionnements en intrants et services se sont mieux déroulés que ceux de leurs voisins pendant le confinement et les semaines qui ont suivi. L’organisation de la distribution française pourrait expliquer ce constat.

Appro, les agriculteurs français ont plutôt bien géré la crise Covid-19
Appro, les agriculteurs français ont plutôt bien géré la crise Covid-19

Une étude menée par Kynetec, une société d’études de marché spécialisée en agriculture, auprès d’agriculteurs des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la France et de la République Tchèque a recueilli le ressenti des agriculteurs durant la crise du Covid-19. Des six pays, les agriculteurs français sont ceux qui se disent le moins touchés par la crise de la Covid-19, tant d’un point de vue personnel que professionnel. À l’inverse des États-Unis et du Canada qui cumulent le plus de ressentis négatifs.

Méthodologie de l’enquête

Kynetec a interrogé 873 agriculteurs dont 198 en France. Les enquêtes ont été menées du 25 mai au 10 juin pour l’ensemble des pays, à l’exception de la République Tchèque, du 8 au 19 juin. Répartition de l’échantillon en fonction de la production : grandes cultures (43 %), élevage bovin (30 %), autres types d’élevages (11 %), production fruitière (9 %), maraichage (3 %), autres (7 %).

L’approvisionnement en intrants bien géré en France

Environ 30 % des agriculteurs français estiment que la crise de la Covid-19 a pénalisé leur approvisionnement en intrants, soit un taux équivalent à celui des États-Unis, du Royaume-Uni et de la République Tchèque. Ces problèmes d’approvisionnement touchent surtout les pièces de mécaniques et de rechange (60 %), mais moins les autres intrants. Les agriculteurs français sont ceux qui ont rencontré le moins de pénuries en produits phytosanitaires (8 %) et en engrais (2 %). Sur ces deux intrants, les agriculteurs américains affirment avoir subi des ruptures dans respectivement 21 % et 15 % des cas. L’approvisionnement en semences semble avoir été plus compliqué en France, avec des pénuries pour 12 % des agriculteurs, contre 15 % aux États-Unis, 18 % au Canada, 6 % en Allemagne et 5 % au Royaume-Uni.

La part d’agriculteurs français ayant rencontré des ruptures d’approvisionnement à cause de la crise de la Covid-19 :

Semences - 12 %

Phytos - 8 %

Alim. animale - 3 %

Engrais - 2 %

Le choix des alternatives, plutôt que de l’anticipation

Les stratégies d’achats des agriculteurs diffèrent elles aussi. Les exploitants canadiens, américains et britanniques ont été entre 27 et 35 % à avoir anticipé leurs achats afin d’éviter des problèmes de disponibilité durant le premier semestre. En France, ils sont seulement 8 % à avoir mis en avant cette pratique, et 10 % disent avoir cherché des alternatives à leur circuit d’approvisionnement traditionnel.  Ces comportements et le ressenti des agriculteurs concernant la campagne d’approvisionnement pourraient s’expliquer en partie par l’organisation de la distribution française. « C’est une hypothèse, mais dans cette situation tendue, avoir un interlocuteur, coopérative ou négoce, qui gère à la fois les stocks d’intrants, la logistique et le conseil, a pu faciliter l’approvisionnement des agriculteurs, contrairement aux autres pays. Au Royaume-Uni par exemple, le système est plus éclaté, avec quasi exclusivement des logisticiens pour les appros et des conseillers indépendants pour les services. » Enfin, les agriculteurs français sont les troisièmes plus touchés par le manque de disponibilité de travailleurs saisonniers, derrière la République Tchèque et l’Allemagne, mais les premiers pour les travailleurs permanents. Cela peut s’expliquer par les mesures de confinement plus strictes appliquées en France par rapport aux autres pays.