Cultures spéciales : le Sival confirme sa place de salon des innovations
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Les fournisseurs étaient présents au Sival, le rendez-vous annuel des cultures spécialisées qui se tenait du 15 au 17 janvier à Angers. Pour les plus grosses structures, présentes sur tous les secteurs, il s’agit surtout de montrer leur implication dans ces filières. Pour les autres, le Sival reste un rendez-vous incontournable des innovations en vigne, arboriculture et maraichage, notamment sur les biosolutions. Si ce secteur n’est pas concerné par la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires, le sujet était quand même abordé dans les allées du salon. Reportage.
Jusque-là, Bayer s’affichait dans la section semences du salon avec Nunhems. Or, avec la cession de la structure à BASF en août depuis le rachat de Monsanto, la société est revenue dans une communication axée uniquement sur les phytosanitaires. Elle mettait en avant deux produits lancés à l’automne 2018 : le SDHi Lunacare et la solution de biocontrôle Rhapsody pour lutter contre les monilioses des fruits à noyaux. « Même si Lunacare est un produit conventionnel, sa persistance d’action unique de dix jours permet de réduire de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires, explique Audrey Ossard, chef marché cultures légumières et arboriculture. Ce qui permet aussi de réduire le temps de travail et la consommation d’énergie. Nous voulons continuer à proposer des solutions aux arboriculteurs tout en répondant aux attentes sociétales. »
Nufarm communiquait sur sa nouvelle stratégie, « l’écocroissance » fondée sur les principes de l’agroécologie. « Nous avons d’abord choisi de travailler sur l’intelligence collective, en co-construisant nos services avec la distribution, et le biocontrôle », explique Virginie Steunou, nouvelle responsable marketing client. Sur le biocontrôle, la société dispose déjà des produits Prevam ou encore Glossom Protect. Des projets devraient voir le jour contre l’esca de la vigne en 2021 et sur la confusion sexuelle en vigne, dans un avenir plus lointain. « Nous avons revu notre site Internet qui devient une véritable plateforme de communication avec les distributeurs, poursuit Virginie Steunou. Nos clients y trouvent toutes les informations techniques et réglementaires liées à nos solutions. Nous travaillons également sur des services d’accompagnement des distributeurs. »
Si Vivagro ne présentait pas de nouveauté, son produit Limocide / Essen’ciel a obtenu de nouvelles homologations, passant de 42 à 88 usages possibles. La société lance un produit de coloration des pommes, Vivaflash. Maxime Lemoing, responsable technique, confirme la bonne ambiance sur le salon : « Nous rencontrons nos clients pour faire le point sur les nouveautés et lever les questions techniques. Les distributeurs sont préoccupés par la baisse des solutions : nous devons leur proposer des innovations efficaces pour lutter contre les phénomènes de résistance. Si les produits de biocontrôle s’avèrent une bonne solution, le marché s’installe pourtant doucement. Les freins restent la méconnaissance des produits et leur plus grande technicité. »
Quid de la séparation de la vente et du conseil ? « En tant que metteur en marché de biosolutions, nous ne sommes pas concernés. Et cette évolution pourrait même bénéficier à nos produits ! »
Alain Querioux, directeur d'Andematt estime aussi que le marché du biocontrôle est en deçà de son potentiel. En cause : la complexité de l’homologation et les freins de certains acteurs à changer de modèles. « Nous avons augmenté nos effectifs pour apporter un soutien à la distribution », explique-t-il. La société Andermatt, présente à 100 % sur le biocontrôle, a également doublé son chiffre d’affaires. Il s’élève désormais à 3,5 M€. « Nous représentons 25 % de l’innovation en biocontrôle sur les produits développés depuis 2013 », se félicite Alain Querioux, le directeur. La société est surtout présente sur le marché de l’arboriculture. Mais se développe en viticulture avec le lancement de Vitisan en avril 2018, son fongicide à base d’hydrogénocarbonate de potassium contre l’oïdium. NeemAzal-T/S, à base d’extrait d’Azadirachta indica, en dérogation depuis cinq ans, a obtenu son homologation en décembre 2018.
La société espagnole Atlantica poursuit son développement en France avec ses huit biostimulants disposant d’une AMM, à base d’algues et d’acides aminés. La société était présente pour la troisième année au Sival. « L’ambiance est excellente et les agriculteurs sont en recherche de solutions alternatives innovantes et sérieuses, indique Felix Forté, responsable développement chez Atlantica. Certes, les évolutions sur le conseil en phytosanitaire ne nous concernent pas directement, mais la réorganisation de la distribution pourrait avoir un impact sur nos structures. Je pense qu’il en ressortira des choses intéressantes. »
Si les gammes restent identiques, Action Pin travaille aussi sur les extensions d’usages. « Par rapport à l’an dernier, nous sommes beaucoup plus sollicités sur les conversions en agriculture biologique », explique Christophe Bourcier, responsable commercial région nord. La société se développe à l’export en renforçant ses équipes. Le maillage français est finalisé. Chaque région se compose désormais d’un responsable, de deux à trois responsables de secteur et d’un responsable technique.
Adama mettait en avant l’Elysium, un herbicide vigne, avec deux nouveaux modes d’action. « C’est une solution pour éviter les problèmes de résistance, explique Vincent Vernay, ingénieur développement sur la région. Le Sival est une excellente occasion de nous focaliser sur notre activité vigne et arboriculture. »
BELCHIM communiquait sur Kenja, destiné à lutter contre le botrytis et la moniliose en vigne et en arboriculture. Elle est composée d’une nouvelle matière active, l’isofétamide. La société a obtenu deux extensions d’usage. L’un pour Teppeki, avec une autorisation sur betterave, colza et moutarde. « Une vraie solution pour la betterave vis-à-vis de l’arrêt des néonicotinoïdes », explique Céline Putaggio, responsable communication de Belchim. L’autre concerne Belouka, autorisé en cultures fruitières. « Les distributeurs se préparent à la séparation de la vente et du conseil, essaient de trouver des solutions : nous attendons qu’ils nous fassent des propositions », ajoute Céline Putaggio.
ASCENZA, ex SAPEC Agro, venait pour la première fois au Sival. Elle entend s’afficher comme la société pour les biosolutions. « Nous sommes venus expliquer qui nous sommes aux centrales de distribution, », explique Gilles Albertos, directeur marketing. La séparation de la vente et du conseil va avoir un impact sur la chaine de valeur et sur le relationnel. Nous voulons construire des partenariats avec nos clients. »
Pour assoir leur présence sur les biosolutions, certaines sociétés ont bâti des baselines. Chez Certis, les produits utilisables en agriculture biologique et sur le biocontrôle sont intégrés dans une gamme nommée Biorational. « Nous innovons toujours sur les cultures spécialisées. Cela fait trois ans que nous sommes primés et encore cette année avec l’Amylo-X, un produit de biocontrôle à base de Bacillus amylolliquefaciens », explique Agnès Gauliard-Demaldent, responsable des activités marketing.
DE SANGOSSE a choisi de miser sur la « positive production ». « L’objectif est de réconcilier l’économique avec des produits efficaces qui permettent de réduire les IFT, la qualité avec notamment des outils d’aide à la décision, et l’environnement avec les biosolutions », explique Christophe Zugaj, responsable communication. La société présentait son Chekmate puffer, qui arrive sur la vigne pour lutter contre l’eudemis. Et sur la solution Escalator contre l’esca de la vigne, qui s’accompagne d’un suivi sur cinq ans de l’évolution de l’esca. « Nous détenons 28 % des principes actifs des produits de biocontrôle, avec des solutions présentes dans les quatre grandes familles de solutions, ajoute-t-il. Les agriculteurs veulent des produits qui répondent aux attentes du consommateur et du citoyen. »
Sous le chapeau « l’agro-performance responsable », Arysta mettait en avant le produit biostimulant GoActiv. La société prépare son rapprochement avec UPL. « Les visiteurs nous posent beaucoup de questions, reconnait Marie-Noëlle Vende, responsable communication. Mais nous n’avons pas encore toutes les réponses. »
FMC était pour la première fois au Sival, depuis le rachat d’une partie des actifs de DuPont. « L’ambiance est très professionnelle, avec beaucoup de débat global sur l’agriculture et les besoins de solutions durable », explique Emilien Guillet Vignet, responsable communication. La structure attend l’homologation de l’insecticide Cyazypyr, à base de cyantraniliprole, pour 2019 sur les cultures légumières. Des biosolutions sont en cours d’homologation.
ITALPOLLINA retrouvait le Sival après cinq années d’absence. Il faut dire que la société prépare des innovations en biostimulants pour 2019 à base d’hydrolysats 100 % végétal.