Eau : de très faibles traces de pesticides en bouteille et au robinet
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« Il s’agit de traces infinitésimales, de l’ordre de nano-grammes* par litre, et la potabilité n’est pas remise en cause, on est très en dessous des seuils », précise Thomas Laurenceau, rédacteur en chef de 60 millions. L’association a mené, avec la Fondation Danielle Mitterrand France Liberté, l’enquête qui montre des traces de pesticides dans nos bouteilles d’eau. Quarante-sept échantillons d’eau en bouteille ont été analysés, ainsi que trois échantillons de bonbonnes. Verdict : dix eaux en bouteille et deux eaux en bonbonnes ont révélé des traces de molécules pesticides. La pureté présumée des sources d’eau minérale est mise à mal, et aucune explication n’est avancée à ce jour. « Nous menons l’enquête, mais à ce stade, cela reste une énigme et seuls, nous n’irons pas beaucoup plus loin », explique Thomas Laurenceau, qui lance un appel à l’aide aux pouvoirs publics. De l’atrazine au robinet, 12 ans après son interdiction La même étude propose l’analyse de dix échantillons d’eau du robinet, dont sept présentent des traces d’un à quatre pesticides. Là encore, la potabilité n’est pas remise en cause. « Ces échantillons ne sont significatifs ni de l’eau du robinet en France, ni même de l’eau dans les régions concernées, relativise d’ailleurs Thomas Laurenceau. Ce sont des prélèvements indicatifs effectués dans des départements où la qualité de l’eau est une problématique majeure (ndlr : Ille-et-Vilaine et Seine-et-Marne notamment). » Comme le confirme notamment l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse (voir notre article dans cette lettre), l’atrazine, herbicide interdit depuis 2001, est le plus fréquemment retrouvé. Ces constats incitent 60 millions de consommateurs et la Fondation Danielle Mitterrand France Liberté à réclamer un investissement accentué des pouvoirs publics, à mettre en place à l’occasion de grandes « Assises de l’eau ». Transparence, remise à plats des normes, solidarité dans les financements et réflexion à plus long termes sont les axes de travail déterminés par les deux associations. * 0,000000001 g/L. L’étude a été menée avec du matériel de pointe, plus moderne et plus précis que ceux de certaines stations, selon Thomas Laurenceau, qui développe : « nous avons pu cibler 85 molécules, dont certaines habituellement non recherchées « en routine » par les stations, et à des taux plus fins. »