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Eclairage - Baisse de l’utilisation des semences certifiées, les mécanismes d’achats à la loupe

Le | Agrofournisseurs

Le baromètre annuel du Gnis permet de faire le point sur l'attitude des céréaliers vis-à-vis des semences certifiées de céréales. En 2017, 604 agriculteurs, cultivant en moyenne 118 ha dont 31,5 ha de blé tendre d'hiver, ont été interrogés dans les différentes régions françaises. L'année se caractérise par un resserrement des gammes, une nouvelle diminution du taux d'utilisation de semences certifiées, un repli du travail à façon… Autant de facteurs à rapprocher d'une récolte 2016 particulièrement mauvaise.


- A l'automne 2016, les agriculteurs ont en moyenne semé 2,8 variétés contre 3,2 un an plus tôt. C'est dans le Nord que la diversité est la plus grande : 4,5 variétés en moyenne.

- Le taux d'utilisation de semences certifiées baisse cette année encore. Il se situe aux alentours de 48 %, contre plus de 50 % pour les semis 2015. Les ventes de volumes de semences certifiées ont reculé de 12,3 %, du fait notamment des petits PMG. 3,267 millions de quintaux de blé tendre ont été certifiés en France en 2016 contre 3734858 q en 2015 et 4208465 q en 2014.

- Le taux de resemis est de 1,6 %, contre 1 % l'an passé. La densité de semis reste supérieure en semence de ferme (300 grains/m2) qu'en semence certifiée (284 grains/m2).

- Le recours au travail à façon a diminué (44 % contre 61 % l'an passé) : les agriculteurs ont limité leurs dépenses aussi bien en semences certifiées qu'en semences de ferme.

- Dans le Sud et l'Ouest, les agriculteurs interrogés jugent majoritairement (65 % pour le Sud, 54 % pour l'Ouest) de bonne à très bonne la qualité de leur récolte 2016. Contrairement au Centre et à l'Est, avec seulement 15 %. La région Nord se situe à 26 %. 4 utilisateurs sur 10 de graines de ferme déclarent que la qualité de leur récolte impacte le taux d'utilisation des semences certifiées.

- Le nombre d'utilisateurs uniquement de graines de ferme augmente encore cette année. Il est passé de 6 % pour les semis 2010 à 14 % en 2016. Cela se fait au détriment des semences certifiées. 47 % des agriculteurs en 2016 n'utilisaient que des SC contre 54 % en 2012. La part des utilisateurs « mixtes » oscillent entre 39 et 42 % selon les campagnes.

- Pourquoi augmenter la part des SC ? En très forte progression, deux réponses : la moins bonne qualité des graines de ferme et la volonté de renouveler ses variétés. En très net recul par rapport à l'an passé, leur facilité d'usage (3 % des réponses cette année contre 14 % lors de l'enquête de 2016).

- Pourquoi avoir réduit la part des SC ? A 62 %, « pour réduire les coûts car leur prix est jugé trop élevé ».

- Les arguments des SC qui séduisent : qualité de germination (39 % des réponses), qualité du traitement (34 %), gain de rendement (26 %), praticité (20 %), qualité de l'état sanitaire (12 %), rentabilité (11 %), gain de temps (10 %), accès au progrès génétique (8 %) et respect de l'environnement (4 %).

- Alors que la certification de semences R2 a, cette année, été acceptée par dérogation pour pallier le manque de semences R1, 77 % des agriculteurs interrogés n'en ont jamais entendu parler et 8 % ne savent pas trop ce que c'est.

- Le renouvellement variétal est au plus bas depuis 5 ans. Seulement 63 % des agriculteurs ont semé une nouvelle variété cette année, contre 71 % l'an passé et 74 % en 2013.

- Concernant la politique des distributeurs pour promouvoir l'utilisation des semences certifiées, les agriculteurs la trouvent plutôt moins active que l'an passé (60 % contre 68 % l'an passé).

- 9 % des agriculteurs ont bénéficié d'aides ou de mesures particulières pour l'achat de semences certifiées de la part de leur distributeur, notamment dans l'Est de la France.

- Autre tendance, l'augmentation des surfaces semées avec un mélange de variétés : 6,6 % contre 4,8 % en 2015. Pourquoi ce choix ? Pour améliorer le rendement (45 % des réponses) et améliorer la résistance aux maladies (39 %).


Les conseils du distributeur restent la principale source d'informations pour choisir ses variétés. Suivent par ordre d'importance l'expérience de l'agriculteur, des visites de parcelles ou de résultats d'essais, le technicien d'un organisme de conseil (chambre d'agriculture, Ceta, GDA, Arvalis…). Nous reviendrons dans un prochain article sur le rôle spécifique du conseil distributeur.