Ecophyto : une diminution de 5,7 % encourageante, selon Stéphane Le Foll
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« On a inversé la courbe, et de manière sérieuse. » C’est ainsi que Stéphane Le Foll a introduit le nouveau bilan d’Ecophyto, le 9 décembre au ministère de l’Agriculture, à l’issu du Cnos, le Comité national d’orientation et de suivi. Après avoir augmenté entre 2009 et 2011, les recours aux pesticides en zone agricole ont diminué de 5,7 % entre 2011 et 2012. Dans le détail, les herbicides et insecticides ont connu une baisse de 11 %, alors que les fongicides ont augmenté de 6 %. Un accent à mettre sur la diffusion des connaissances « C’est encourageant, surtout au vu de la météo, mais évidemment pas suffisant », a analysé le ministre qui veut y voir « une preuve que l’on peut réduire les quantités de produits phytosanitaires tout en étant productif. Une étape a été franchie. » Avant d’insister sur l’importance de passer la vitesse supérieure notamment dans la diffusion. Dans les fermes Dephy, pour lesquelles la réduction atteint les 7 %, et plus particulièrement celles des lycées agricoles, dont le Nodu (nombre de doses unités) est encore deux fois inférieur, 90 systèmes économes et performants ont été identifiés. « L’enjeu, c’est maintenant de faire connaitre ces références et si la mayonnaise prend, ça pourrait aller plus vite que prévu », indique-t-il. Réduire les phytos : pas le seul objectif Aussi Stéphane le Foll garde l’objectif d’une baisse de 50 % pour 2018, sans non plus en faire un élément sine qua non. « C’est le cap qui compte, et les tendances qui y sont inscrites », a-t-il expliqué. Ces tendances devront être suivies par le tableau de bord de l’agro-écologie, attendu pour début 2014. Le ministre a ainsi rappelé qu’il était aussi attentif à la réduction des phytosanitaires qu’à d’autres indicateurs, citant notamment le revenu des agriculteurs. « L’environnement doit devenir un élément de compétitivité », a-t-il asséné, insistant une nouvelle fois sur le rôle des futurs GIEE dans cette perspective. Stéphane Le Foll dresse un bilan chiffré : 300 000 professionnels ont obtenu leur certiphyto en 2013, dont 250 000 agriculteurs. « Cette dynamique semble insuffisante pour que l’ensemble de la population concernée soit en règle pour octobre 2014 », a reconnu Stéphane Le Foll, qui envisage de « réajuster le dispositif » pour tenir les délais. 3400 bulletins de santé du végétal ont été édités sur l’année, grâce à 15000 parcelles et 4000 observateurs. 128 systèmes de cultures ont été étudiés dans 1900 fermes Dephy, dont 90 ont été jugés économes et performants. Premières réactions L’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, APCA, se félicite d’un résultat « encourageant », rejoignant le ministre sur l’importance de « vulgariser et mettre les éléments techniques des systèmes convaincants à disposition de l’ensemble des agriculteurs. » France Nature Environnement parle d’un résultat « décevant », évoquant un simple « frémissement ». Pour Claudine Joly, chargée des pesticides à FNE, « une diminution de 30 % est possible sans perte de revenu pour les agriculteurs, mais pour cela d’autres leviers doivent être activés immédiatement ». FNE invoque une incitation financière et le découplage du conseil et de la vente des pesticides, deux pistes a priori écartées par le ministre.