Émeric Oudin, Axe-environnement : « Il n’y aura pas d’ubérisation de la distribution agricole »
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Créée en 2002, Axe-environnement accompagne la distribution agricole à promouvoir les solutions environnementales et connectées. La société vise une croissance de plus de 150 % dans les 3 à 5 ans à venir. Explications avec Émeric Oudin, directeur général et marketing.
Référence-appro : Sur quel plan de développement se fondent vos ambitions ?
Émeric Oudin : Axe-environnement développe, conçoit et commercialise des solutions d'avenir. Celles-ci ont trait à la protection de l'environnement, la préservation de la santé et les technologies numériques. Ces solutions nous permettront de passer d'un chiffre d'affaires actuel de 6 millions d'euros à plus de 15 millions d'euros d'ici à 2020-2022. Notre service « aires de lavage clé en mains » devrait fortement se développer : 86 % des agriculteurs sont amenés à investir dans l'aménagement de leur exploitation. De même, nos équipements de protection individuelle (EPI) devraient se déployer : actuellement, seuls 20 % des utilisateurs de phytos sont correctement équipés lors des applications. Enfin, l'agriculture numérique que nous développons, et que nous mettons en avant sur les 10 fermes connectées avec lesquelles nous travaillons, devient incontournable pour mieux produire en utilisant moins d'intrants.
R.-A. : La séparation du conseil et de la vente des produits phytos constitue-t-elle une opportunité pour votre société ?
É. O. : Absolument. Le conseil stratégique va orienter les agriculteurs vers moins de phytos. Les techniciens devront parler d'autre chose que de phytos. La distribution aura besoin de développer d'autres services, d'autres outils. Et ces outils, nous les avons. Nos solutions génèrent de la valeur ajoutée, laquelle est recherchée. Et notre équipe de 30 salariés est là pour sensibiliser les agents relation culture à ces solutions.
R.-A. : Vos clients sont les agriculteurs. Vous pourriez passer outre la distribution ?
É. O. : Nos clients sont effectivement les agriculteurs modernes, innovants. Mais nous continuerons à les toucher par l'intermédiaire des coopératives, négoces et concessionnaires partenaires. Il n'y aura pas d'ubérisation de la distribution, au moins à court terme. Nous faisons le pari que la distribution continuera à avoir un rôle essentiel dans l'approvisionnement des agriculteurs, avec ou sans conseil. Notre site de vente en ligne, qui sera opérationnel en septembre 2018, sera donc au service de la distribution : les agriculteurs pourront commander en ligne, mais seront facturés par leur distributeur.
R.-A. : Vous misez également sur les CEPP ?
É. O. : Oui. Nous avons nous-mêmes déposé 6 fiches CEPP : nos EPI Aegis, un kit de débouchage de buses, un kit de préparation lavage/mélangeur avec potence double, et enfin, pour la gestion des effluents phytos, Osmofilm, Phytosec et le procédé BF Bulles. Ces fiches ont été validées, mais sont encore entre les mains de la DGAL. Car ce sont parmi les premières du genre : elles ne permettent pas de réduire mais d'améliorer l'usage des phytos, objectif également visé par le dispositif.
Propos recueillis par Gaëlle Gaudin