En jardinerie, le marché des phytos pâtit de l’évolution de la réglementation
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Depuis le 1er janvier 2019, l’utilisation des produits phytosanitaires est interdite pour les jardiniers amateurs et pour l’entretien des espaces publics. Lors d’un point organisé le 3 octobre, l’Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces publics (UPJ) a fait un premier bilan de l’impact de ce durcissement de la règlementation sur le secteur.
Un chiffre d’affaires en recul de 9,2 % pour l’UPJ
L’union affiche un chiffre d’affaires de 203,3 M€ en 2018, soit une baisse de 9,2 % à périmètre constant, deux nouveaux adhérents ayant rejoint l’UPJ au cours de l’année. « Le marché a subi l’évolution du contexte règlementaire sur les pesticides », résume Nicolas Marquet, directeur général de l’UPJ. Même constat concernant le marché des produits pour le jardin, qui affiche une baisse de 5 à 6 % sur la première partie de 2019. Si les secteurs des biocides et des engrais ont diminué de 5 %, la chute est plus rude pour les phytosanitaires, qui reculent de 25 %. Les aléas climatiques du printemps et de l’été n’y sont pas étrangers.
Premiers retours sur les produits de biocontrôle
Ayant dû se rabattre quasi exclusivement sur les produits de biocontrôle pour la protection des plantes, l’UPJ en a profité pour analyser les premières tendances de ce marché. « Les solutions bio et de biocontrôle connaissent de forts taux de croissance, de plus de 10 %. Mais cela ne compense pas la baisse du secteur des phytosanitaires, explique Nicolas Marquet. Le marché est appelé à évoluer, il y aura évidemment des conversions vers le biocontrôle, mais certains usages sont perdus, en l’absence d’alternative. C’est notamment le cas des débroussaillants, des produits contre les doryphores en pomme de terre ou les désherbants sélectifs gazons. »
Avec 102 produits de biocontrôle disponibles utilisables en jardinerie, dont 87 solutions naturelles, la situation « n’est pas confortable », admet Nicolas Marquet. Face à cette nouvelle donne, celui-ci en appelle au développement de nouvelles pratiques. « Je suis convaincu du rôle du conseil dans les jardineries », plaide-t-il. Un accompagnement pour le moment freiné par le « turn over » important au sein des magasins de jardinerie. Et de souligner plusieurs points de vigilance, dont la hausse de détournements d’usage de produits tels que le sel, le vinaigre ou la soude.
Près d’un Français sur deux inquiet de la potentielle disparition de produits biocides
En ce qui concerne les biocides, autre secteur d’activité de l’UPJ, la loi issue des EGA a aussi durci les règles du jeu. La vente en libre-service de certains produits biocides pourrait à terme être interdite. Dans ce cadre, l’UPJ a réalisé un sondage pour évaluer la perception des Français sur les nuisibles et les produits de lutte. 85 % des interrogés déclarent ainsi avoir déjà été confrontés à un problème de nuisible, dont 28 % régulièrement. Cela concerne principalement (56 %) les insectes volants. Enseignement principal de cette enquête, 48 % des interrogés se déclarent inquiets face au retrait possible de certains produits biocides. Alors qu’ils sont 60 % à ressentir une évolution de la présence des nuisibles. Des chiffres qui témoignent de la nécessité, complexe, de développer des alternatives, comme en témoigne le cas actuel des phytosanitaires.