« Engrais composés, nous voulons être dans la pédagogie » - Jacques Fourmanoir, président de la section des engrais simples et composés de l’Unifa

Pour répondre aux attentes sociétales, le secteur agricole s’affaire à trouver les combinaisons gagnantes, celles qui ménagent la marge et l’environnement. Dans ce cadre, la parfaite connaissance des intrants disponibles est primordiale. Sur le marché des engrais minéraux, la baisse des livraisons de phosphore et de potassium peut faire naître quelques craintes sur l’apparition de carences et, plus globalement, sur l’appauvrissement des sols. C’est pourquoi les entreprises qui produisent des engrais composés, réunies au sein de l’Unifa ont voulu interroger les connaissances des prescripteurs sur l’intérêt des engrais composés, en réalisant une enquête en partenariat avec Référence agro*. L’objectif : évaluer le besoin de sensibilisation afin de préparer une campagne en 2022.

Engrais composés, une définition aux « contours trop flous »

Un prescripteur sur cinq ne sait pas définir les engrais composés. Environ 15 % des professionnels interrogés ne les recommandent pas. « Ces résultats confirment notre perception, explique Jacques Fourmanoir, président de la section des engrais simples et composés de l’Unifa. Un nouveau sens - économique et sociétal - se dégage pour ces produits qui représentent aujourd’hui 20 % des utilisations. Nous voulons être dans la pédagogie afin de préparer 2022. » À commencer par la définition même des engrais composés, qui va évoluer avec le nouveau Règlement CE 2019/1009 établissant les règles relatives à la mise à disposition sur le marché des fertilisants UE. « Complexe, engrais de synthèse, binaire, ternaire, minéral… La sémantique est variée et les contours trop flous, continue le président. Avec la réglementation européenne prévue pour 2022, un nouveau vocabulaire est introduit avec la notion de macro-éléments : nous devons préciser la définition. »

Agronomique, économique et environnemental

La recherche d’une fertilisation au plus près des besoins de la plante et du sol, tout en ménageant la marge et l’environnement, constitue une opportunité pour reparler des engrais composés. « L’azote étant incontournable, un choix se fera sur le phosphore et la potasse, mais le rendement sera affecté, avertit Jacques Fourmanoir. Les intérêts des engrais composés sont multiples car ils apportent une réponse agronomique, économique et sociétale à court comme à moyen terme. La diversité de formulation leur confère en sus une véritable praticité dans l’intervention culturale. »

Quelle production française à horizon 2030 ?

L’enquête de l’Unifa vise aussi à préparer le futur de la production française d’engrais, afin de répondre aux besoins des exploitants agricoles. « La réglementation, le contexte économique, la concurrence des importations sont autant de facteurs qui questionnent l’avenir des sites de production français, analyse le président. L’utilisation d’engrais minéraux a été divisée par deux en 30 ans. Pour le phosphore et la potasse, c’est par quatre. Et les prévisions pour 2030 ne sont pas plus optimistes. C’est pour ces raisons que nous devons tracer ensemble les perspectives du tissu industriel français. » L’Unifa lancera sa campagne de sensibilisation fin janvier 2022.

*enquête réalisée en ligne auprès de 111 prescripteurs, entre le 7 et le 21 juin 2021.