Engrais : le ministère de l’Agriculture engage une reflexion prospective
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Semaine décidément active sur le front des engrais, avec la publication d’un rapport commandité par le ministère de l’Agriculture au cabinet GCL Développement durable sur le thème « Etat, perspectives et enjeux du marché des engrais » (cliquer ici à télécharger (2,16 Mo) pour accéder au document). « Il s’agit clairement d’une étude prospective, visant à dégager des pistes de réflexion », indique le ministère, qui devrait organiser un séminaire pour prolonger cette étude. Cette dernière comporte deux volets assez distincts : l’un détaille l’analyse économique du secteur ; l’autre porte sur l’environnement, et propose un plan « Ecofertilisation 2020 », dans l’esprit de Ecophyto 2018 ou du plan spécifique énergie (PPE). C. D.
Pour la partie économique, le rapport met en évidence le poids de la fertilisation dans l’économie agricole (5 % des charges totales de la ferme France, et 12 % en grandes cultures), mais aussi dans sa contribution à l’économie agricole. En amont, le rapport détaille la forte dépendance de l’Europe en azote et phosphate, le constat étant plus satisfaisant pour la potasse (production européenne importante). Une dépendance accentuée par un poids relatif de plus en plus faible de l’Europe sur le marché mondial. Il conclut sur ce chapitre par quelques préconisations visant une « politique industrielle ambitieuse », notamment « favoriser l’émergence d’un acteur industriel français de dimension internationale ». Une reconnaissance du poids stratégique de ce secteur qui ne peut que satisfaire les acteurs économiques français.
L’adhésion est moins franche sur la deuxième partie du rapport, dédiée à l’environnement, et qui opte pour « une moindre dépendance de l’agriculture aux engrais minéraux ». « Il ne convient pas d’opposer engrais minéraux et organiques, argumente Philippe Eveillard, responsable environnement de l’Unifa, mais plutôt de travailler sur leur complémentarité et sur l’accompagnement des agriculteurs ». Le rapport considère que l’enjeu principal se situe désormais dans les émissions de gaz à effet de serre, le cadre pour les pollutions de l’eau et de l’air étant globalement fixé. Il chiffre la différence d’émission de CO2 par tonne à 40 % entre l’urée et l’ammonitrate 33,5 % (de l’usine au champ), en faveur de l’urée.
Parmi les mesures proposées par le cabinet GCL figurent le renforcement de la politique nitrate, la mise en place d’un bonus/malus pénalisant les engrais les plus émetteurs de carbone et plusieurs mesures en faveur des sous-produits organiques.