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Engrais minéraux : pas de pénurie mais risque de tension sur les prix

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Les ressources nécessaires à la production des engrais (N, P, K) devraient être suffisantes pour répondre à la demande mondiale au cours de ce siècle mais des tensions sur les prix ne sont pas à exclure même à court terme, estiment trois chercheurs (Bérengère Lecuyer, Vincent Chatellier de l'Inra Nantes et Karine Daniel de l'Esa d'Angers) dans un rapport réalisé dans le cadre d'une convention entre l'Inra et le groupe Terrena (Le marché des engrais, la volatilité des prix et la dépendance de l'agriculture européenne, février 2013). La disponibilité des ressources n'est pas synonyme d'une offre abondante, estiment-ils. Une grande proportion d'entre-elles appartiennent en effet à des pays instables politiquement et dont les politiques d'investissement sont incertaines ou soumises à des enjeux géopolitiques forts. La Russie, le Turkménistan, l'Iran et le Qatar concentrent par exemple 60 % des réserves prouvées en gaz naturel. Le Maroc détient, à lui seul, 70 % des réserves en phosphate. Le Canada (46 %), la Russie (35 %), la Biélorussie possèdent l'essentiel des réserves mondiales de potasse. L'Union européenne n'est que marginalement dotée de ces ressources naturelles à l'exception des gisements de potasse en Allemagne. « Il en résulte que les besoins internes en engrais minéraux sont fortement dépendants du marché extérieur, tant en termes de matières premières (gaz naturel et roches phosphatées), de produits intermédiaires (ammoniac et acide phosphorique) que de produits finis (urée et phosphate d'ammonium) », indiquent les auteurs de l'étude.


Les perspectives pour les prix


Selon eux, les capacités de production de l'azote devraient augmenter plus rapidement que pour les autres formes d'engrais, pour atteindre un excédent de l'ordre de 10 % en 2016, reprenant le chiffre de l'association internationale de l'industrie de la fertilisation (IFA). Un excédent néanmoins fragile car « il tient pour beaucoup aux stratégies déployées par le gouvernement chinois en termes d'investissement ». Quant au prix mondial des engrais phosphatés, « il devrait rester tendu d'ici, au moins, à cinq ans compte tenu de la hausse modérée des capacités de production ». Pour la potasse, enfin, les trois chercheurs considèrent que la situation oligopolistique devrait perdurer au bénéfice des deux consortiums Nord-Américain et soviétique. « Le prix du chlorure de potassium devrait s'établir à un niveau proche de 500 $US/t dans l'UE, soit un quintuplement par rapport à la situation qui prévalait au début de la décennie ».


Etude en ligne : http://prodinra.inra.fr/ft ?id={2E4F7305-C347-49AA-A576-87A39196C8B7}&force=true