Enquête multifactorielle sur la mortalité des abeilles : les parasites responsables
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__« Une mortalité non exceptionnelle des abeilles expliquée par la présence de parasites ou par des affaiblissements de reines et l’absence d’effondrement des colonies » : __ telles sont les principales conclusions du rapport de l’enquête multifactorielle sur la Mortalité des abeilles conduite par l’unité de pathologie de l’abeille de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments depuis 2002. Il a été rendu public le 15 février. %% % ((/public/1171897240.jpg|1171897240.jpg|L))Les résidus de pesticides, dont l’imidaclopride (Gaucho) et le fipronil (Régent), ont été recherchés sur la matrice apicole de 120 colonies d’abeilles. Les analyses ont révélé des résidus de pesticides à des doses très faibles dans la limite du seuil de détection. Selon les chercheurs « aucune relation statistique entre la présence de résidus et la dynamique des abeilles adultes et larvaires, ni avec la mortalité des colonies n’a pu être mise en évidence. » A.D. % %% % %% __Ils s’appellent varroase, nosema, loque américaine, loque européenne, couvain chauve ou encore mycose Ascosphaeras apis ; ils sont acariens, virus, bactéries, teignes et champignons et sont infiltrés dans les ruchers français.__ Leur mission : tuer les abeilles. De microscopiques agents pathogènes qui participent à une polémique qui dure depuis plus de 10 ans : qui est responsable de la mortalité anormale des abeilles ? Dix ans de bras de fer entre des apiculteurs, scientifiques, politiques, industriels. Et des suspects… arrêtés : les insecticides traitement de semences, Gaucho et Régent. En parallèle, une unité scientifique celle de l’Unité pathologique de l’abeille de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (l’Afssa) a poursuivi son enquête. Avec comme fil conducteur : passer au crible tous les facteurs pouvant entraîner la mort d’une colonie ou modifier son état sanitaire. Le verdict vient de tomber, consigné dans un rapport officialisé le 15 février : « Absence d’effondrement des colonies d’abeilles tels que décrits par les apiculteurs lors de l’exploitation de certaines miellées au cours de notre étude. » Pas de mort massive anormale des abeilles notamment en pleine période de butinage. Cette enquête a débuté en 2002, à la demande d’Hervé Gaymard, ministre de l’Agriculture alors en fonction. Les observations ont été conduites sur trois ans jusqu’en 2005. Elles ont porté sur 120 colonies d’abeilles domestiques réparties dans 24 ruchers appartenant à des apiculteurs volontaires. Premier constat :« les mortalités hivernales et lors de la saison apicole, dans l’ensemble de ces 24 ruchers, sont toujours restées inférieures à 10 %. » Ce qui est un taux non exceptionnel en apiculture. Les mortalités d’abeilles constatées ont été surtout reliées à la présence de ces agents pathogènes. « Le diagnostic des loques et des varroases a été suivi par la mort de la colonie, avec une mort rapide pour la loque ou différée pour la varroase », indique le rapport. Au delà des infections, ce seraient aussi des mesures préventives mal maîtrisées qui entraîneraient des accidents dans les ruchers. %% % “'__Gaucho, Régent : pas de surmortalité observée__ %% %'” Les résidus d’une quarantaine de pesticides ont été évidemment recherchés. L’équipe de chercheurs de l’Afssa, conduite par Michel Aubert, Jean-Paul Faucon et Marie-Pierre Chauzat a étudié les teneurs en pesticides dans le pollen, la cire, le miel et sur les abeilles à l’issue de chaque visite, soit quatre par an et par colonie. %% % Aucun résidu n’a été décelé dans 12,7 % des visites, et dans un cas (cire), neuf résidus différents de pesticides ont été trouvés. Les cas les plus fréquents ont montré la présence simultanée de deux résidus de pesticides différents (26,9 % des visites). L’imidaclopride (Gaucho) et son métabolite ont été le plus souvent détectés dans des abeilles (26,2 %), le miel (29,7 %) et les pelotes de pollen (57,3 %) à des doses supérieures à la limite de détection (µg/kg). Quant au fipronil (Régent), il est retrouvé dans 12,4 % des échantillons de pollen, 1,7 % de ceux de miel et sur 9,1 % des abeilles. Pourtant, « la présence des résidus d’imidaclopride dans les matrices apicoles n’a pas entraîné de mortalité aiguë de colonies ou d’abeilles, » soulignent les auteurs. En 2005, une expérience en laboratoire au cours de laquelle des abeilles consommaient du sirop contaminé a conduit aux mêmes conclusions. %% % Reste quelques interrogations soulevées par les enquêteurs : les synergies possibles entre divers résidus de pesticides mais aussi entre les résidus de pesticides et les agents pathogènes. Le protocole de l’enquête n’était pas non plus destiné à mettre en évidence des affaiblissements de colonies. Et ces résultats statistiques sont fondés sur un petit nombre d’observations. L’étau se resserre mais le dossier n’est pas clos. Cette étude apporte des éléments précis sur un échantillon donné. A.D. %% % % %% % %% %% % __Contre feu ?__ Une dépêche de l’Agence France presse du 15 février affirme de son côté « que le fipronil ferait courir des risques inacceptables aux abeilles, selon un rapport officiel ». Ce rapport du comité scientifique et technique de l’étude multifactorielle des troubles des abeilles aurait en fait été publié en 2005. Selon la firme BASF qui a réagi via un communiqué : « ce rapport de 2005 n’intègre pas les dernières études scientifiques sur le fipronil et les mortalités des abeilles ». La firme « s’insurge contre l’exploitation tendancieuse du dit rapport ».