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Estimation du coût des pesticides : attention aux raccourcis !

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Une étude menée par deux chercheurs français sur le coût réel des pesticides et publiée dans la revue scientifique « Sustainable agriculture revue » le 20 février, a fait couler beaucoup d'encre ces derniers jours. Car l'une des conclusions de l'étude est que le ratio coût/bénéfice de ces molécules n'est pas toujours avéré. Denis Bourguet, chercheur à l'Inra de Montpellier est l'un des auteurs. « Nos données font référence au contexte des États-Unis pendant les années 90. Elles ne sont pas donc pas extrapolables aujourd'hui, en France. Attention aux raccourcis », explique-t-il dans les colonnes de notre confrère reference-environnement.com. Ce qui est vrai pour tous les pays en revanche, c'est que les coûts cachés, une cinquantaine au total, ne sont pas estimés et quand ils le sont, ils sont sous évalués. « Parmi eux, les coûts liés à la pollution de l'eau ou ceux indirectement payés par les agriculteurs : augmentation des quantités de pesticides liée aux résistances des ravageurs et des pathogènes à ces matières actives, les dérives d'herbicides sur les cultures voisines ou la diminution des pollinisateurs qui baissent les rendements… Autant d'imprécisions qui au final, rendent impossible l'évaluation du ratio coûts/bénéfices, précise-t-il ».

Dans leur étude, les auteurs montrent que les coûts sont largement supérieurs aux bénéfices (en 1990, aux Etats-Unis). « Les conséquences sur la santé pèsent le plus, poursuit-il. Notre réévaluation fait apparaître un coût de 40 milliards de dollars pour un bénéfice estimé à 27 milliards de dollars. Mais avec toutes les réserves que je viens d'émettre ». Difficile de comparer avec la France aujourd'hui car les molécules ne sont plus les mêmes. En revanche, Denis Bourguet insiste sur la nécessité de poursuivre les études sur le sujet.