Etude Séralini, retour à la case politique
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« Nous allons rediscuter et renégocier les protocoles d’autorisation des OGM au niveau européen » a déclaré Stéphane Le Foll, en marge du conseil des ministres de l’Agriculture, à Bruxelles, le 22 octobre. Protocoles qui sont déjà en discussion depuis deux ans auprès des commissions de l’Agriculture et de l’Environnement à Bruxelles et au Parlement européen. Il s’agit donc de réactiver une série de propositions déjà formulées, y compris par l’Anses (1). Cette prise de position du ministre de l’Agriculture fait suite à la forte pression médiatique qui a entouré l’étude du professeur Séralini sur l’impact du maïs OGM NK 603 et du Roundup dans le développement de cancers chez le rat. Le buzz était, il est vrai, presque garanti en associant les mots OGM, pesticides et cancer. Recalée par toutes les instances, y compris par l’Anses, qui a rendu publiques ses recommandations le 22 octobre, cette étude a finalement atteint son but. « L’équipe a juste ouvert une voie, et il faut maintenant faire mieux collectivement », avait déclaré Gilles-Eric Séralini lors de son audition par l’Anses. C.D.
(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
Photo : Marc Mortureux, directeur de l’Anses, face à la presse, fortement mobilisée pour la remise du rapport de l’Anses, le 22 octobre.
Sur le fond, l’Anses souligne que la « faiblesse centrale de l’étude réside dans le fait que les conclusions avancées sont insuffisamment soutenues par les données de la publication. » Et qu’il n’est donc pas possible d'« établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du maïs OGM et/ou des pesticides et les pathologies constatées. » L’évolution des méthodes d’évaluation ne font pas fondamentalement débat. Ainsi, lors d’une conférence de presse le 4 octobre, l’AFBV (Association française des biotechnologies végétales) estimait que si « la procédure d’évaluation des OGM est tout à fait correcte, les tests toxicologiques peuvent être améliorés au vu des nouvelles méthodes et outils d’analyse. »
« Nous sommes prêts en association avec d’autres partenaires, notamment d’autres agences sanitaires européennes, à travailler à l’établissement de protocoles d’étude sur les effets potentiels à long terme de la consommation d’OGM ou l’exposition à des formulations phytopharmaceutiques », a par ailleurs indiqué Marc Mortureux, directeur de l’Anses. Le message a semble-t-il été entendu. Lors de son audition devant la commission du développement durable, le 25 octobre, Delphine Batho, ministre de l’Ecologie, a souligné l’importance de mettre en place des études de recherche publique longues sur les OGM et que « la question de leur financement fait actuellement l’objet de réflexions interministérielles. »